Al Massar, Al Joumhouri, Front populaire et UGTT dénoncent la “razzia” d’Ennahdha sur les délégations spéciales

Les délégations spéciales des municipalités de Nabeul, ainsi que les tiraillements qui avaient accompagné leur désignation, ont été le principal thème évoqué, samedi, dans la conférence de presse des partis Al Massar, Al Joumhouri et le Front populaire, l’Union générale tunisienne du travail (UGTT) et des organisations de la société civile.Une importante partie de cette conférence de presse a permis aux présidents des délégations spéciales remplacées d’exprimer leurs opinions, notamment ceux des municipalités de Nabeul et Hammamet, ainsi que Soliman et Kélibia qui, selon les intervenants, seront bientôt renouvelées.

Les participants ont souligné que les autorités régionales “ont pris fait et cause pour le parti Ennahdha aux dépens des autres partis politiques représentés ou non à l’Assemblée nationale constituante et qu’elles ne sont pas ouvertes aux autres composantes de la société civile”.

Ils ont ajouté que ces comportements sont considérés comme “une volonté manifeste de dominer les délégations spéciales” et que le gouverneur de la région “est consensuel seulement en parole”.

Des intervenants ont menacé de recourir à la justice “pour protester contre la procédure des désignations des membres des délégations spéciales”. Ils se sont dits mobilisés pour dénoncer devant l’opinion publique “la gravité des pratiques partisanes dans la désignation des délégations spéciales”.

Ils ont, en outre, considéré que la municipalité de Nabeul est “ciblée par les autorités régionales qui oeuvrent à la dominer totalement”, soulignant que “le traitement par les autorités régionales du dossier des délégations spéciales est marqué par des contradictions dans les positions qui apparaissent à travers le fait de changer les anciennes délégations spéciales, deux mois après la prolongation de leurs mandats”. Les intervenants ont, d’autre part, souligné qu’elles sont “en discussion et concertation permanente avec les élus de l’Assemblée nationale constituante, afin de prendre une initiative claire pour l’établissement d’un véritable consensus autour des délégations spéciales”.

Dans ce sens, le représentant de l’Union régionale du travail de Nabeul, Hédi Afif, a fait part de l’attachement de l’Union générale tunisienne du travail (UGTT) à la neutralité de l’administration et son refus “des tentatives du parti de la majorité et de la troïka d’établir une hégémonie sur le pouvoir local”. Il a souligné qu’en “l’absence d’une légitimité électorale, il est nécessaire de recourir à la légitimité consensuelle”.

Le président sortant de la délégation spéciale de la municipalité de Nabeul, Mohamed Dagnou, a considéré que les accusations portées contre la précédente délégation spéciale, faisant part de l’inertie de ses membres est “est un leurre “. Il a fait remarquer que “les quatre membres de la précédente délégation qui avaient présenté leur démission, ont été désignés au sein de la nouvelle équipe de la délégation spéciale, notamment le président de la délégation actuelle”.

Il a affirmé que “la remise des équipements municipaux aux nouvelles délégations spéciales atteste de la partialité des autorités régionales”.

De son côté, Fayçal Mourhabane, président sortant de la délégation spéciale de Hammamet, a indiqué que l’ancienne délégation avait fait face, durant son mandat, à “un harcèlement systématique de la part du délégué de Hammamet qui assume désormais les fonctions de premier délégué du gouvernorat de Nabeul”.

Il a ajouté que “les pressions ont connu leur apogée au moment ou des personnes s’étaient introduites dans le bureau du président de la délégation pour l’insulter”. Les insultes lui étaient adressées même sur la voie publique, outre les entraves à l’exercice de sa mission, et ce, malgré la décision de prolongation de son mandat, a-t-il indiqué.

Il a également annoncé qu’il va porter plainte auprès du tribunal administratif “concernant les dépassements qu’il avait constatés dans la municipalité de Hammamet”.

En outre, M. Mourhabane a considéré que “la décentralisation qu’on évoque, aujourd’hui, est une décentralisation de façade, en l’absence de la neutralité d’une part et parce que les statuts actuels des municipalités accordent au gouverneur une sorte d’autorité de tutelle sur le pouvoir local, d’autre part”.

Pour sa part, l’actuel président de la délégation spéciale de Kélibia, Ridha Zenina, a fait part de ses “craintes de voir la municipalité de Kélibia connaître le même sort. Il a souligné que la solution est “une position ferme des partis démocratiques et de la société civile afin de consacrer la démocratie locale, concrétiser la véritable représentativité de toutes les forces qui veulent être au service de leurs villes, loin des calculs politiques restreints”.

Il a indiqué que “les accusations portées contre les délégations spéciales d’avoir échoué pour les remplacer ne trompent personne”, soulignant la nécessité de “fournir les preuves et les véritables raisons à l’origine du renouvellement des délégations”.

WMC/TAP