Des petits métiers de l’Aid El Idha

Au delà de l’ambiance bon enfant et de la solidarité entre les gens, la fête de l’Aïd El Idha apparaît comme une occasion d’exercer, pour quelques jours, de nouveaux métiers qui disparaissent aussitôt la fête terminée.

Pendant la fête du sacrifice, et même deux jours après, l’activité devient prospère pour nombre de personnes qui s’installent dans les divers ruelles et avenues de la capitale et dans les quartiers avoisinants.

Khaled, jeune homme la trentaine, aiguiseur de couteaux depuis maintenant trois ans, a choisi le quartier de Bab Souika (la médina), pour installer son matériel. «Affûter un couteau ne coûte qu’un dinar 500 millimes, c’est un prix dérisoire mais l’affluence des clients en cette période rendra les recettes importantes », précise le jeune homme.

Et d’ajouter que « les recettes, au cours des journées qui précédent la fête de l’Aid El Kebir, peuvent atteindre les 300 dinars ». Son activité, il l’exerce grâce à un matériel loué ou emprunté auprès de l’un des forgerons, avec lequel « je partage les bénéfices », souligne le jeune aiguiseur.

Le jour de l’Aïd, Mohamed Nasr et son ami Yassine Ben Abdelhamid, âgés de 27 ans, commencent leur tournée des quartiers de la cité El Khadra à l’aube. Ces deux amis, titulaires d’un certificat d’aptitude professionnelle (spécialité boucher), emportent avec eux le matériel nécessaire dans une petite valise ainsi que la liste de leurs clients. « Notre travail se caractérise par le professionnalisme, la rapidité et la garantie des précautions nécessaires pour protéger la bête du sacrifice », souligne Yassine.

Pour Mohamed, cette activité qui se termine le premier jour de l’Aïd à 13 heures, génère des ressources importantes qui « peuvent atteindre environ 200 dinars». L’égorgement d’un seul mouton est facturé à 20 dinars et 30 dinars s’il s’agit de l’égorgement et le découpage de la bête de sacrifice, précisent les deux jeunes bouchers.

Comme à l’accoutumée, Am Mokhtar, septuagénaire se prépare à accueillir l’Aïd, en exposant devant son magasin des pièces en bois (Kardha) servant à découper la viande, au prix de 5 dinars la pièce. « Je vends depuis 15 ans ces bouts de bois dans la mesure où la majorité des tunisiens l’utilisent pour faciliter le découpage de la viande », a-t-il avancé en rangeant minutieusement les gros morceaux de bois.

De l’extérieur, on peut observer au fond du magasin de Am Mokhtar des « Kanouns »( article traditionnel tunisien en poterie où on y met du charbon allumé pour barbecue ou autre utilisation) et des sacs en plastiques de poids différents et remplies de charbon.
Pour sa part, Salah Toumi, forgeron, s’est penché depuis des semaines à façonner des grilles-viandes en métal de différentes dimensions, affichant des prix variant entre 4 et 30 dinars. Assis tout juste à côté de Salah, Sahbi « grilleur » de têtes et de pieds de mouton, a indiqué que ce métier lui génère au cours des deux jours de l’Aïd, environ 100 dinars.

« Cette somme compense un peu la fatigue de deux jours de travail », a-t-il encore ajouté. « Je n’utilise plus le bois pour griller les têtes de moutons sacrifiés mais plutôt le « Chalumeau », utilisé généralement dans la sidérurgie ». Plusieurs jeunes, désœuvrés ou du moins sans emploi fixe, saisissent l’occasion de l’Aïd pour se faire des rentrées d’argent. Certains optent pour la vente de couteaux ou fourrages, alors que d’autres préfèrent aider les agriculteurs dans le gardiennage et la vente des bêtes de sacrifices.

WMC/TAP

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