Des universitaires belges et français se trouvent actuellement en Tunisie pour défendre les libertés académiques et soutenir le doyen de la faculté des lettres, des arts et des humanités de La Manouba, Habib Kazdaghli, qui comparaîtra, demain jeudi, devant le tribunal de première instance de La Manouba, pour actes de violence commis par un fonctionnaire dans l’exercice de ses fonctions. “Cette accusation injuste n’est que le dernier épisode d’une longue série qui a vu le professeur Kazdaghli être victime d’agressions et de menaces injustifiées, à l’égard d’un membre du personnel académique”, indique un communiqué publié par l’Université libre de Bruxelles (ULB).
Lors d’un point de presse tenu, mercredi, à Tunis, le Pr. Jean Philippe Schreiber de l’ULB, a affirmé que “Les universitaires dans le monde entier forment une grande communauté solidaire et quand l’autonomie de l’université est en question, nous sommes nombreux à manifester notre solidarité avec nos collègues afin de garantir le respect des libertés académiques”, faisant savoir que des universitaires de plusieurs pays de l’Europe (France, Belgique, Italie, Allemagne, etc) ont manifesté leur appui à leur collègue Kazdaghli. “A travers notre présence en Tunisie, nous voulons marquer notre admiration pour le courage et la détermination du Pr. Kazdaghli qui n’a pas fléchi devant les intimidations et les pressions”, a-t-il précisé.
Les universitaires Belges et Français présents à Tunis ont été unanimes à souligner que leur objectif “n’est pas de s’immiscer dans les affaires internes du pays, mais de défendre plutôt les libertés académiques et de soutenir leurs collègues universitaires tunisiens.” Ils ont, en outre, relevé l’importance de l’indépendance de la justice qui “pourrait, toutefois, faire l’objet de pressions”.
“La liberté académique peut être une liberté fondamentale qui permet un enseignement autonome”, ont-ils soutenu. “Nous nous trouvons en Tunisie pour assister au procès et veiller au respect des libertés”, ont-ils encore ajouté. Tout en faisant part de sa confiance en la justice, le Pr. Habib Kazdaghli a rappelé que les ministres de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique ainsi que le ministère de l’Intérieur avaient tenu le doyen et les professeurs pour responsables des incidents survenus à la faculté de la Manouba durant l’année écoulée.
“Il existe une tentative d’instrumentalisation de la justice et de faire du doyen le bouc émissaire”, a-t-il regretté. Pour sa part, Me Radhia Nasraoui a qualifié ce procès d'”injuste”, indiquant que si la justice sera vraiment indépendante, le Pr. Kazdaghli devra être innocenté et le dossier sera clos. Me Nasraoui qui a signalé que plusieurs avocats seront présents demain au procès pour défendre le doyen de la Manouba, a souligné que l’université devra rester un espace libre et autonome. Des professeurs de la Faculté de la Manouba et membres du conseil scientifique, et des représentants de la société civile et de plusieurs associations ainsi que des juristes ont également exprimé leur soutien et leur solidarité avec le Pr. Kazdaghli.
WMC/TAP