La stratégie du chaos aurait-elle frappé aussi en Tunisie ? Qui sait ? Rappelons en effet que Libye et Tunisie détiennent en commun des champs d’hydrocarbures en off-shore qui pourraient « intéresser » plus d’un …
En tout état de cause, le pays est soumis à nouveau à de très fortes turbulences, la situation s’aggravant chaque jour un peu plus.
Si que les journalistes tunisiens se sont mobilisés cette semaine pour protester contre les atteintes à la liberté de la presse, les causes réelles du décès du coordinateur du parti « Nidaa Tounès » à Tataouine , Lotfi Naguedh – mort jeudi en marge d’affrontements entre ses partisans et des manifestants considérés comme proches d’Ennahda – pourraient mettre le feu aux poudres dans le pays.
L’ex-Premier ministre tunisien et chef du parti d’opposition Nidaa Tounès a ainsi dénoncé vendredi « le premier assassinat politique » depuis la révolution de 2011, estimant les islamistes responsables de la situation.
M. Essebsi a en effet accusé Ennahda et son allié de centre-gauche, le Congrès pour la République (CPR) dirigé par l’actuel président Moncef Marzouki, d’être responsables de la manifestation qui a dégénéré en violences jeudi dernier.
S’exprimant lors d’une conférence de presse à Tunis, il a re-itiré ses dires, évoquant même un véritable lynchage, Appuyant des propos par la diffusion d’une vidéo dans laquelle la supposée victime est traînée au sol et frappée par la foule.
En tout état de cause, la date de l’enterrement Lotfi Naguedh n’a pas été fixée, M. Essebsi précisant que son corps avait été transporté à Tunis vendredi où une autopsie doit avoir lieu.
L’affaire pourrait fortement perturber le pays où la paix demeure précaire.
Si dans un premier temps, le ministère de l’Intérieur affirmait que le défunt avait succombé à un infarctus, les opposants affirment qu’il est mort après avoir été battu par les manifestants de la Ligue de protection de la révolution, une organisation proche des islamistes au pouvoir.
Mais vendredi soir, le président tunisien lui-même, Moncef Marzouki, a dénoncé, lors d’une interview télévisée à la chaîne Nessma un “lynchage”, au lendemain de la mort dans des violences de cet opposant. “C’est un Tunisien qui a été piétiné, comment une telle opération de lynchage est-elle possible en Tunisie?”, a ainsi martelé M. Marzouki évoquant une “atrocité absolue, inacceptable” qui met à mal “la cohésion nationale”.
Quand je vous parlais de stratégie du chaos …
Ainsi, le président Marzouki était jusqu’à vendredi soir le premier responsable à reconnaître que le coordinateur du parti d’opposition Nidaa Tounès à Tataouine, Lotfi Naguedh, a bien été tué dans des affrontements après une manifestation qui a dégénéré et non d’une crise cardiaque comme l’affirme le ministère de l’Intérieur …. Edifiant …
De son côté, jeudi soir, Ennahda a accusé dans un communiqué les partisans de Nidaa Tounès d’avoir provoqué les violences en jetant des cocktails molotov sur les manifestants.
La Ligue tunisienne des droits de l’Homme a pour sa part condamné ces violences politiques, appelant à la dissolution de la Ligue de protection de la révolution, laquelle est accusée d’avoir été à l’origine de plusieurs actes de violences.
Promettant ainsi la semaine dernière aux ennemis de la révolution et aux caciques de l’ancien régime « de leur faire regretter de ne pas s’être suicidés », affirmant « préparer des surprises de gros calibre pour les exterminer tous ».
Les partisans du gouvernement accuse quant à eux Nidaa Tounès de rassembler des proches du président déchu, Zine El Abidine Ben Ali.
La presse algérienne précise quant à elle que les journalistes présents à la séance plénière de l’Assemblée nationale constituante du samedi 20 octobre se sont retirés en protestation contre les déclarations de la députée d’Ennahdha Hlima El Guonni, laquelle a critiqué sévèrement les médias, mettant en cause leur neutralité.
Selon elle, les médias ont contribué à la propagation de la discorde. Elle affirme même que les médias étaient au service de l’ancien régime et sont devenus des acteurs clés au service de l’opposition après la Révolution.
De leur côté, les journalistes ont refusé les excuses présentées par Sahbi Atig, président du bloc parlementaire d’Ennahdha et exigent des excuses de la députée.
Propos aussi visionnaires que réalistes, voire même accusateurs ? …. en avril 2012, le leader du parti islamiste tunisien Ennahda, Rached Ghannouchi, avait estimé que la Tunisie « n’était pas menacée par la dictature » mais par « le chaos », au lendemain de la brutale répression par la police d’une manifestation interdite. Ajoutant que la violence « devait être absolument rejetée, quels qu’en soient les auteurs ».
Un message à faire passer ? ….
« Si le peuple a déclenché la révolution, il doit se gouverner lui-même. Je ne peux que soutenir cette orientation, si elle s’achemine vers le pouvoir des masses« , déclarait quant à lui en janvier 2011 le colonel Khadafi, alors à la tête de de l’Etat libyen.
« Ce qui se passe en Tunisie est d’un intérêt prioritaire pour la Libye. Mais j’ai peur que la révolution du peuple tunisien ne lui soit volée. Il y a des manoeuvres à l’intérieur et de la part d’intérêts étrangers« , avait-t-il par ailleurs mis en garde.
Ces propos précédaient la visite à Tunis du sous-secrétaire d’Etat américain Jeffrey Feltman, lequel s’était entretenu avec les autorités provisoires, avant de se rendre par la suite à Paris.
« Je ne défends pas la famille Trabelsi« , s’était encore défendu Mouammar Khadafi, se référant à la famille de l’épouse de l’ex-président Ben Ali, cette dernière – surnommée La Régente de Carthage – ayant visiblement érigé en dogme passe-droit et corruption.
Sources : AFP, Reuters, Liberté-Algérie
Elisabeth STUDER