Journée internationale pour l’élimination de la pauvreté : à moins de 757 dinars par an, on est dans la pauvreté extrême

La Tunisie célèbre, demain 17 octobre 2012, la journée internationale pour l’élimination de la pauvreté sur le thème “mettre fin à la violence de la misère en favorisant l’autonomie et en construisant la paix”. Une célébration qui intervient, à un moment où les critiques se multiplient à l’égard de la politiques sociale menée par gouvernement provisoire.Le taux de pauvreté extrême dans le pays, a atteint, selon les derniers chiffres publiés par l’Institut National de la Statistique (INS), 4,6% en 2010 contre 7,6% en 2005 et 21% en 2000. Le seuil de pauvreté extrême a été fixé à 757 dinars, annuellement, par individu au niveau des grandes villes et à 571 dinars dans les zones rurales.

Ces chiffres qui ont démontré une amélioration au niveau de la réduction du taux de pauvreté au cours de la dernière décennie, ont suscité une grande polémique dans les milieux économique et scientifique quant à la pertinence de la nouvelle méthode adoptée par l’INS en partenariat avec la Banque Africaine de Développement (BAD), dans la détermination de ces taux et leur adaptation à la réalité tunisienne.

D’après M.Hafedh Zaafrane, économiste spécialisé dans les indicateurs de la pauvreté “ces chiffres sont dépassés et ne peuvent pas être utilisés, actuellement, dans la mise en place des politiques, d’autant plus que la révolution du 14 janvier 2011 a changé beaucoup de données”.

“Devant l’exacerbation du chômage, l’arrêt de l’investissement et la hausse des prix, il y aura une augmentation au niveau du nombre des pauvres”, a-t-il estimé.

Il a considéré que “les divergences portent, en apparence, sur les chiffres alors qu’elles concernent, en réalité, l’indépendance administrative et institutionnelle de l’INS par rapport au ministère de Développement. Le fait que cet organisme relève de ce département, met en doute, sa crédibilité, nonobstant la compétence de ses agents”.

Selon l’économiste Monji Ismaili, “la problématique dans la lutte contre la pauvreté, ce phénomène qui détruit la vie des gens et les tuent même plus que la guerre, selon les rapports des Nations-unies, n’est pas liée aux chiffres et à leur degré de crédibilité, mais plutôt à l’efficacité des politiques adoptées, pour aider les pauvres à échapper à leurs conditions”.

“A l’heure où plus d’un million et demi de personnes, vivent en-dessous du seuil de pauvreté dans les régions rurales en Tunisie, le gouvernement n’a pas œoeuvré à mettre en place une stratégie claire pur lutter contre la misère et encadrer les catégories vulnérables. Il s’est contenté de certains mécanismes épars dans plusieurs ministères sans un minimum de coordination ou d’évaluation “.

Suivant une étude publiée, récemment, par la banque mondiale et soumise au ministère des affaires sociales, la majorité des familles qui bénéficient du programme d’aide aux familles nécessiteuses ne répond pas aux critères exigés et 57% des familles pauvres ne profitent d’aucune aide sociale. De fait, le programme d’assistance aux familles nécessiteuses a été élargi, dans la loi de finances complémentaire 2012, à 235 mille familles qui bénéficient d’une prime mensuelle de 100 dinars. Ce programme coûte à l’Etat près de 280 millions de dinars, par an.

M. Ismaili a affirmé que “ces programmes ne visent pas les catégories vivant en-dessous du seuil de pauvreté et menacées par la misère, le manque d’alimentation, d’abri et d’accès aux services nécessaires”.

Il a préconisé “la mise en place d’une stratégie sociale complémentaire, impartiale et qui ne soit pas exploitée à des fins politiques, pour cibler les catégories les plus fragiles vivant dans les régions intérieures et isolées”.

WMC/TAP