Par Mohamed Farouk
Les propos insultants du candidat à la présidence du deuxième parti de France (UMP), Jean-François Copé, pourtant d’origine algérienne du côté de sa mère, préfigure-t-il un retour du racisme en France ? Il faut dire que le chômage augmente.
Vendredi 5 octobre 2012. La bataille pour la présidence de l’UMP (Union pour un mouvement populaire), le deuxième parti français en terme de sièges au Parlement (328 sur les 925 que compte l’Assemblée nationale et le Sénat), orphelin depuis la défaite de son chef, l’ancien président de la République, Nicholas Sarkozy, bat son plein. L’un des deux candidats, le secrétaire général de ce mouvement, chemise blanche, dont il a retroussé les manches, Jean-François Copé, fait campagne à Draguignan (Sud-est). Il prononce un discours enflammé dans lequel il évoque le cas –virtuel- d’un jeune français qui se serait fait « arracher son pain au chocolat » au motif « qu'on ne mange pas au ramadan. »
En ajoutant : « Il y a des familles de France qui vivent en silence leur souffrance et à qui personne ne parle jamais autrement qu'en les stigmatisant et en les traitant de tous les noms au point qu'ils sont obligés de baisser la tête et de partir s'il le peuvent le plus loin possible alors qu'ils sont citoyens de la République française. » (Sic)
«Torrents migratoires»
Le même Copé introduit, le vendredi 28 septembre 2012, la notion de « racisme anti-blanc » dans un livre qu’il publie («Manifeste pour une droite décomplexée»). Il écrit notamment : «"Un racisme anti-blanc se développe dans les quartiers de nos villes où des individus -dont certains ont la nationalité française- méprisent des Français qualifiés de «Gaulois» au prétexte qu'ils n'ont pas la même religion, la même couleur de peau ou les mêmes origines qu'eux. »
Un discours qui a bien étonné dans la bouche d’un homme respectable, qui a été plusieurs fois ministre, qui a fait les grandes écoles (l’Ecole Nationale d’Administration et Sciences-Po), et qui est, plus est, du côté de sa mère, d’origine algérienne.
Comment expliquer donc que Jean-François Copé puisse tenir le langage de l’extrême-droite ? La présidente du Front National, Marine Le Pen, candidate malheureuse de l’élection présidentielle d’avril-mai 2012, avait, d’ailleurs, crié, tout de suite, au plagiat en utilisant une formule : «C’est du Copé-collé».
Marine Le Pen avait, quant à elle, défrayé, le 21 septembre 2012, la chronique en affirmant, dans une interview au quotidien «Le Monde», qu’il fallait interdire le voile musulman et la kippa juive dans la rue. Elle s’est rétractée, ensuite, pour dire que «la kippa ne pose pas de problème».
Le lendemain (le 22 septembre), son père, le fondateur du Front National, Jean-Marie le Pen, s’est fait remarquer, lors des travaux de l’Université d’été de ce mouvement, par un discours haineux à l’égard des émigrés. En utilisant des mots provocateurs comme «Torrents migratoires» et «immigration invasion» et en appelant à la suppression du «droit du sol», qui permet à un non Français, né en France, d’obtenir la nationalité française : «une disposition qui fait, a-t-il soutenu, qu'une chèvre née dans une écurie devienne un cheval».
10% de taux de chômage
Cette avalanche de déclarations, qui fait peur à nombre d’émigrés vivant sur le sol français, favorise le retour du racisme, qui sans avoir totalement disparu, semble renaître de ses cendres.
Pour nombre d’observateurs se sont bien des motifs électoralistes qui font agir les politiques. Ils avancent, notamment, à ce niveau, le motif de la précarité de la vie en France. Où le chômage a atteint des niveaux élevés : l’INSEE (Institut National –français- des Statistiques et des Etudes Economiques) prévoit, dans une note de conjoncture, publiée, le jeudi 4 octobre 2012, que le taux de chômage devrait atteindre 10% de la population active en métropole au troisième trimestre 2012.
Il faut bien un bouc émissaire. Il faut également satisfaire le Français moyen à qui l’on a un peu trop répété que «l’émigré mange le pain des Français». Mais même le Français moyen n’est pas aussi dupe que cela. "Il y a une volonté manifeste de Jean-François Copé d'instrumentaliser un sujet beaucoup trop important pour être instrumentalisé», lui a lancé la ministre française des droits des femmes, Najat Vallaud-Belkacem.