« La Tunisie a réalisé des progrès en matière de défense des droits de l’Homme, mais des défis restent encore à relever », ont estimé vendredi dans une déclaration conjointe, Margaret Sekaggya et Reine Alpini- Gansou, respectivement Rapporteure spéciale des Nations Unies sur la situation des défenseurs des droits de l’Homme et Rapporteure spéciale de la commission africaine des droits de l’Homme.
Au terme de leur visite en Tunisie du 27 septembre au 5 octobre 2012, les deux Rapporteures ont présenté, vendredi à Tunis, lors d’une conférence de presse, les résultats préliminaires de leur évaluation de la situation des défenseurs des droits de l’Homme en Tunisie. Margaret Sekaggya a, à cette occasion, noté une amélioration générale de la situation des défenseurs des droits de l’Homme en comparaison avec celle avant la révolution.
« Les défenseurs des droits humains jouissent d’un niveau plus élevé de liberté d’expression, de réunion pacifique et d’association. Cependant, la situation de sécurité est moins prévisible qu’auparavant et la sécurité des défenseurs s’est détériorée à plusieurs endroits suite à l’exercice de leurs droits fondamentaux, y compris dans des zones urbaines hors de Tunis », a-t-elle avancé.
La Rapporteure spéciale de l’ONU a évoqué des incidents survenus durant des mouvements de protestation et autres manifestations, se déclarant “préoccupée par des cas d’arrestations arbitraires et d’usage exessif de la force durant des manifestations dans les régions”. S’agissant de la rédaction de la Constitution, la Rapporteure spéciale de la commission africaine des droits de l’Homme, Reine Alpini-Gansou a relevé que le projet de Constitution constitue une expérience importante pour les institutions tunisiennes, se déclarant “contente” que l’Assemblée nationale constituante (ANC) ait adopté une approche basée sur le consensus dans le processus de rédaction de la Constitution.
Mme Alpini-Gansou a, toutefois, fait part de son “inquiétude” sur les “éventuelles contradictions” contenues dans la version préliminaire de la Constitution qui garantit, par exemple, la liberté de religion et de conscience et dispose en même temps que toute atteinte aux sacralités est criminalisée. Elle s’est dite également “préoccupée” par l'”ambiguïté” que provoque le concept de «complémentarité » dans la Constitution concernant l’égalité entre les genres.
« La Constitution devrait garantir des principes généraux, incluant l’égalité, la non discrimination et la dignité, et s’appuyer sur l’universalité, l’interdépendance et l’indivisibilité des droits de l’Homme », a estimé la Rapporteure spéciale de la commission africaine des droits de l’Homme. Les deux Rapporteures ont, par ailleurs, émis une série de recommandations qu’elles ont adressées au gouvernement, au ministère de l’Intérieur, aux défenseurs des droits de l’Homme, ainsi qu’à l’ANC. Le rapport final sur la situation des défenseurs des droits de l’Homme en Tunisie sera présenté en mars 2013.
WMC/TAP