Tunisie – Banque Centrale – Importations – Devises : Les caisses se vident

La Banque Centrale de Tunisie (BCT), préoccupée par la persistance de la tendance inflationniste sur le court terme et la dérive continue du déficit commercial, va décider prochainement, bon nombre de mesures visant, essentiellement, la rationalisation des importations de biens de consommation, hors alimentation, a annoncé, M.Chedly Ayari, Gouverneur de la BCT.Examinées lors du conseil d’administration de la BCT, réuni, vendredi, dans sa nouvelle composition, ces mesures, a encore indiqué M.Ayari, «revêtent un caractère conjoncturel et ne mettent pas en jeu la libéralisation du commerce tunisien».

Ces décisions ont pour objectif de décourager les banques à accorder des crédits à la consommation, en les obligeant (les banques) à déposer auprès de la BCT une réserve obligatoire(RO) d’une valeur équivalente au moins à la moitié du crédit à la consommation octroyé.

S’adressant vendredi aux journalistes, le Gouverneur de la BCT a cité l’exemple du crédit automobile, relevant à cet effet, que la mesure qui sera prise ne touchera pas les procédures ordinaires d’octroi de crédits pour les voitures 4 chevaux ( 20% fonds propres et 80% financement bancaire), mais relèvera la barre de l’autofinancement pour les voitures de plus de 4 chevaux( 40% autofinancement et 60% crédit).

Ces mesures, a-t-il ajouté, concerneront également le domaine de change, estimant que « la situation actuelle des réserves de changes est aberrante », avec des avoirs en devise en nette baisse. Jusqu’au 26 septembre 2012, les avoirs nets en devises ont atteint environ 9.810 MDT, l’équivalent de 96 jours d’importations, contre 10.582 MDT ou 113 jours d’importations en 2011 et 13.003 ou 147 jours d’importations, en 2010.

Il s’agit là, de mesures de sauvegarde de la balance commerciale du pays, a dit M.Ayari, ajoutant que «l’évolution du déficit commercial connaît un rythme jamais vu dans l’histoire de la Tunisie».

En Août 2012, le déficit commercial a atteint 3 milliards de dinars et devrait atteindre 8 milliards de dinars, fin 2012, selon les prévisions de la BCT.

«La situation est d’autant plus inquiétante que les prévisions, sur le court terme, montrent que les facteurs qui peuvent militer pour une hausse de l’inflation sont plus forts que ceux pour sa stabilisation», a avancé M.Ayari.

Selon les prévisions établies sur la base de deux scénarios, le taux d’inflation, actuellement de l’ordre de 5,6%, devra atteindre en octobre 2012, environ 5,8% en tenant compte des augmentations salariales et 5,1% sinon.

Dans sa réponse à une question sur un éventuel ajustement à la hausse du taux d’intérêt directeur, M.Ayari a fait savoir que « le conseil d’administration de la BCT est pour le principe de l’ajustement, sauf que ses différents membres ont jugé qu’il faut attendre encore un peu, pour voir l’impact de la hausse de 25 points de base du taux d’intérêt directeur de la BCT, décidée par le conseil d’administration le 29 Août 2012, pour le porter à 3,75% ».