Blog A la Une – Mehdi Lamloum : Manipuler les masses n’a jamais été aussi simple

Les pays du printemps arabes ont connu une semaine assez mouvementée. La Tunisie, l’Egypte et la Libye ont vu une partie de leurs citoyens manifester de manière très violente.

 

La raison, une vidéo sur Youtube insultante envers le prophète, et les conséquences, ambassades brulées et pertes humaines des deux cotés, ont fait le tour du monde et la une de tous les médias.

Au-delà de l’information, et des différentes analyses qui tombent de partout dans le monde, il serait intéressant de s’arrêter sur la mécanique qui a abouti à cet état de chaos.

Après l’affaire dite de “Abdeleya”, j’avais publié un post me demandant si quelqu’un s’était brulé en jouant à Facebook. Un simple post sur Facebook, repris par des centaines de pages, a fini par mettre une partie du pays en feu et a abouti à un couvre feu.

Des conséquences non négligeables qui montrent qu’aujourd’hui, il est possible de créer un état d’instabilité simplement à partir d’un contenu publié sur les réseaux sociaux.

 La même méthodologie ?

S’il fallait une sorte de manuel pour débutants sur “Comment foutre le bordel grâce aux réseaux sociaux” il pourrait être résumé en trois étapes.

 Identifier la cible

Et pas n’importe quelle cible, ça doit être LA bonne cible. Elle doit généralement répondre à trois impératifs.

Le premier est le nombre. La cible doit être de préférence une masse suffisamment importante pour le moment venu avoir suffisamment de ressources humaines pour aller sur le terrain. Mais elle doit cependant être minoritaire dans son environnement pour se sentir dans une position d’opprimé et trouver les “ressources” de réagir vigoureusement.

Le deuxième est le radicalisme. A éviter absolument les cibles qui ont une tendance à préférer le dialogue.

Le troisième est leur historique violent. Il vaut mieux choisir une cible qui a déjà montré sa capacité à entreprendre des actions violentes ou qui regorge de membres n’hésitant pas longtemps avant de frapper les premiers. De l’experience est toujours necessaire pour garantir plus de chances de réussite d’une pareille aventure.

Une cible pareille est facile à trouver, partout dans le monde, et pas que dans les pays arabo-musulmans. Petit avantage cependant dans les pays du “printemps arabe” en ce moment : l’Etat est faible et affaibli. Il est plus simple pour la “cible” de passer à l’action violente sans craindre une réaction efficace de l’Etat.

 Créer du contenu adéquat et le poster sur “Internet”

Peu importe la forme (vidéo, photo, texte) et la qualité du contenu, pourvu que la forme soit la bonne: provoquer la cible sur le point le plus important pour elle. Un fondamental de la cible, un point de non-retour…La provocation doit non seulement porter sur ce point mais elle doit aussi le remettre en cause de la manière la plus agressive possible. Et dans ce domaine plus c’est gros, plus ça passe.

 Laisser faire la magie d’Internet

Même si dans le cas du film qui vient d’embraser une bonne partie du monde arabe, un effort a été fait pour faire parvenir ce film jusqu’aux oreilles des médias qui se sont chargé d’allumer la première étincelle, il n’est pas necessaire de faire autant d’effort.

La magie d’internet est celle de vous faire parvenir le contenu jugé le plus “pertinent” par rapport à votre profil déclaré sur les réseaux sociaux.

Même si ça prends du temps, une personne de la cible ou proche de la cible se retrouvera nez-à-nez avec le contenu en question : Une vidéo suggérée sur Youtube, un hashtag sur twitter, une publication d’une page sur Facebook… Quelques mots-clés bien senti suffisent parfois à le faire.

Une fois ce contact établi, il suffit de compter sur les 3 “qualités” de la cible énoncées plus haut pour que ça prenne.

 Ce processus peut-il être répété à volonté?

Tant que les conditions nécessaires sont réunies, ce genre d’experiences pourra être répété à volonté.

Depuis Janvier 2011 et rien que pour le cas de la Tunisie, beaucoup de manifestations violentes et brutales ont eues lieu, se basant uniquement sur un contenu posté sur Internet.

Un contenu que souvent une part des manifestant n’a même pas vu mais le simple fait de savoir son existence les a poussé à descendre dans la rue et à avoir une réaction violente.

L’un des grands risque est la tendance des vieux (simple constat: cheveux blancs, calvities et moustaches à l’appui) qui nous gouvernent à aller vers une solution simple : la censure.

Internet pourra être pointé du doigt comme une Arme de Destruction Massive et la volonté de censurer pourra émerger assez rapidement. Même si elle ne prendra pas une forme claire, la censure pourra être effective à travers des lois restrictives de libertés et touchera non seulement internet mais toute forme d’expression.

Blog : Pink Lemon de Mehdi Lamloum

Lire aussi:
Non la Tunisie n’est pas devenue salafiste
L’oppor-Tunis « je retourne mon voile »
Blog A la Une – Sarah Ben Hamadi: 25 mariages et 50 enterrements