Le nouveau procureur de la République près le tribunal de première instance de Kébili, M.Mohamed Lounisi, nommé récemment dans le cadre du mouvement opéré dans le corps des magistrats, a été agressé, jeudi au hall du tribunal, par d’anciens prisonniers du régime de Ben Ali et militants des droits de l’homme dans la région. Ils ont exprimé leur “stupéfaction” et “étonnement”, suite à la nomination du nouveau procureur de la République qui avait occupé le poste de juge d’instruction de 1991 à 1994, confie au correspondant de l’Agence TAP dans la région, Salah El-Chamekh, ancien prisonnier.
Durant cette période, M.Lounisi a été en charge du procès de 50 islamistes, parmi les jeunes de la région, a- t-il rappelé. Le nouveau procureur de la République avait transféré les dossiers de mise en accusation des détenus à la cour d’appel de Gabès, contrairement aux détenus des autres régions traduits devant les tribunaux de première instance, ce qui a dénaturé les faits, a-t-il précisé.
Le transfert de dossiers, a-t-il dit, a eu pour conséquence “de juger les accusés en vertu des dispositions de la loi sur la lutte contre le terrorisme et le blanchiment d’argent (1993)” et “d’infliger aux accusés des peines variant entre l’emprisonnement et la mise sous surveillance administrative”.
Les manifestants ont réclamé l’assainissement de l’appareil judiciaire, appelant à radier le procureur du corps des magistrats et à le traduire devant la justice pour “abus et dépassements commis sous l’ancien régime”. Trois protestataires ont réussi à accéder au bureau du procureur de la République situé au 1er étage du siège du tribunal, avant d’être évacués par les forces de l’ordre qui ont assuré la sortie du procureur sous haute surveillance.
“Suite à cet incident,les audiences du tribunal de première instance prévues aujourd’hui ont été reportées à une date ultérieure” ont révélé, le substitut du procureur de la République et le président du tribunal de première instance de Kébili. Le correspondant de la tap n’a pas pu contacter d’autres parties en rapport avec cet incident, en raison de l’état de désordre qui régnait dans le siège du tribunal.