Bien qu’en nette progression par rapport à 2011 les chiffres des entrées de non-résidents en Tunisie restent encore en deçà des chiffres de 2010.
Par ailleurs ces mêmes chiffres annoncés avec un brin fierté par les autorités de tutelle du secteur (Ministère du Tourisme et ONTT) cachent mal la misère du secteur. Mettre l’accent sur la progression des volumes : entrées et recettes escamote volontairement le problème de la rentabilité du secteur. Car si on rapporte les volumes par rapport aux recettes on se rend compte facilement du drame de ce secteur (crise qui bien sûr a commencé depuis le début des années 90).
Le calcul est simple :
1804 millions de DT / 3.681.088 touristes = 490 DT de recette par tête de pipe.
490 DT / 8 jours (durée de séjour moyenne en Tunisie par touriste) = 61 DT par jour par touriste
(NB : cette recette inclus tout : recette hôtel, change, dépenses artisanat et divers)
C’est tout simplement la recette la plus faible du bassin méditerranéen, voir du monde. Pire encore, cette recette ne cesse de se détériorer d’année en année si on la rapporte aux importations d’équipement du secteur, la faiblesse continue du dinar, les dépenses de fonctionnement des administrations du tourisme et leurs dépenses de promotion…
En effet rapportée aux dépenses de promotion seulement ça donne ça :
Le budget publicité et promo (record) de l’ONTT en 2012 était de 62 millions de DT.
62 millions de DT /3.681 touristes= 16.843 DT, cout de chaque touriste à diminuer des 490 DT …ce qui nous donne : 474 DT de recette par touriste et 59 DT par jour….
Le secteur a besoin de réformes de fonds qui sont toutes indiquées par les diverses études réalisées: JICA 2001, Banque Mondiale 2002 et Roland Berger 2009. Ces études ont couté des milliards et dorment dans les tiroirs des autorités de tutelle qui en tous les cas sont incapables d’entreprendre ces réformes car l’autorité de tutelle a elle-même besoin de se réformer selon ces mêmes études.
Le pire est que vu l’état d’insalubrité et de manque d’hygiène du pays les touristes qui sont venus cette année ne risquent pas de revenir ou recommander notre pays à leur familles et amis. Aussi si on applique la règle marketing : 1 client déçu ce sont 10 clients potentiels de perdus = 3.681 x 10 = 36.810 millions de touristes potentiels perdus.
Sur les 62 milliard de budget de promotion le Ministre du tourisme aurait mieux fait d’en réserver 5 pour nettoyer le pays, résoudre la catastrophe que devient l’aéroport de Tunis Carthage ou règne l’anarchie bien que porte d’entrée du pays, ouvrir des cycles de formations…
Mais que peut faire un Ministre (manipulé par une bande de fonctionnaires incompétents) venant de l’industrie dans un secteur aussi compliqué que l’industrie des services. Le tourisme c’est vendre du rêve mais notre pays devient un cauchemar. Les professionnels du tourisme ont honte de l’état actuel de leur pays car ils savent que leur client touriste voit les choses en panoramique du haut de son grand bus.
H.Haffa