Le syndicat national des journalistes tunisiens (SNJT), dans un communiqué rendu public dans la soirée de samedi 25 août, ce qu’il a qualifié d'”intervention grave du gouvernement” dans les affaires des médias, et ce à la suite de l’émission d’un mandat de dépôt à l’encontre de Sami Fehri, directeur général de la société de production audiovisuelle “Cactus”.
Le SNJT considère que “l’intervention du gouvernement et l’utilisation de la justice pour faire pression sur les médias et confisquer leur liberté porte atteinte à la liberté d’expression et contrevient aux objectifs de la révolution”, lit-on dans le communiqué.
Le SNJT estime “nécessaire“ de considérer la société “Cactus”, sous contrôle judiciaire, en tant que service public, soumis au décret n°116 de l’année 2011″, et appelle les journalistes de la société à ne pas se soumettre aux “pressions” et “à exercer leur profession en toute responsabilité pour une production médiatique nationale pertinente”.
Il faut rappeler que ca chambre d’accusation de la Cour d’Appel de Tunis avait émis vendredi, en fin de soirée, selon un responsable du ministère de la Justice, un mandat de dépôt à l’encontre de Sami Fehri. Le DG de “Cactus” avait déclaré, samedi, dans un entretien téléphonique avec la TAP, qu’il est aujourd’hui jugé pour la diffusion de l’émission “Ellogique Essiyassi” (Les Guignols) sur la chaîne “Ettounsia TV”, lancée le 16 mars 2012, ce qui aurait, selon ses dires, “dérangé certains responsables du gouvernement”. Il a avancé que “la liberté d’expression en Tunisie apparaît aujourd’hui comme étant une liberté fictive”.
De son côté, le conseiller du chef du gouvernement, chargé des Affaires politiques, Lotfi Zitoun, a nié dans des déclarations aux médias, «avoir contacté quiconque à la chaîne Ettounsia, pour faire pression sur ses responsables, en vue d’arrêter la diffusion de l’émission “Ellogique Essiyassi”». Il a affirmé avoir “critiqué, en tant que citoyen et membre du mouvement Ennahdha, la manière dont les symboles de l’Etat ont été ridiculisés”. Le conseiller a encore considéré Fehri comme “un symbole de l’ancien régime, impliqué dans la corruption et qui doit rembourser des sommes considérables au Trésor de l’Etat”, avançant qu’il faut faire la part des chose entre “liberté d’expression” et laisser libre cours aux agissements des malfaiteurs”.
L’accusation adressée à Sami Fehri, selon des rapports d’experts-comptables, consiste, essentiellement, en une affaire de corruption financière à travers des contrats publicitaires signés par la société “Cactus Prod” et la télévision nationale, durant la dernière décennie. Des dépassements financiers contrevenant aux contrats signés ont été constatés au sujet des espaces publicitaires et des profits générés sans droits.