La consommation des ménages sera multipliée par un et demi (1,5), au cours du mois de Ramadan qui coïncide avec la saison estivale, affirme M.Ridha Guiâa, expert économiste et membre de l’Association des Economistes tunisiens qui appelle le tunisien à penser à sa bourse et à rationaliser sa consommation pour freiner le phénomène de l’inflation.
«Quelquefois, on s’endette pour pouvoir terminer Ramadhan qui constitue pour les Tunisiens, un mois de fête: les soirées, les rencontres avec la famille et les amis, les soirées aux cafés… et on oublie qu’il s’agit d’un mois de piété, de bonté et de solidarité avec les nécessiteux et les pauvres », affirme M.Guiâa Dans un entretien à la TAP.
Question : Les dépenses du mois de ramadan correspondent-elles au niveau de vie de la classe moyenne en Tunisie ?
Réponse : Il est difficile de pouvoir généraliser des phénomènes comme les dépenses durant Ramadan. Certainement, l’inflation durant ce mois affecte les revenus de toutes les classes sociales. La détérioration du pouvoir d’achat suit l’augmentation des prix et oblige parfois des gens qui ne savent pas maîtriser leurs dépenses à puiser dans leurs réserves (épargne) ou à s’endetter. Outre leur impact sur le pouvoir d’achat des citoyens durant l’année, ces dépenses affectent aussi le comportement du citoyen qui devient plus agressif.
Q : Le Tunisien a-t-il l’habitude de consacrer un budget spécifique pour le mois de Ramadan ?
R : Il est difficile de dire que le Tunisien a l’habitude de consacrer un budget approprié pour le mois de Ramadan. Avec la flambée des prix qu’a connue le pays, au cours de la dernière période, à cause de la recrudescence du phénomène de la contrebande avec les pays voisins et la baisse de la production des denrées alimentaires, le Tunisien s’est trouvé dans l’incapacité de penser à épargner et à économiser pour faire face aux dépenses du mois de Ramadan. S’y ajoute la multiplication des occasions qui nécessitent plus de dépenses: mariages, rentrées scolaires et universitaires, Aïds, saison estivale…
Q : Le mois saint est-il lié au concept de l’endettement dans la mentalité des Tunisiens?
Oui, les uns s’endettent, d’autres vendent parfois leurs meubles, bijoux, tapis, quelques animaux (les paysans)… Il est vrai que pour les pauvres, les femmes s’activent davantage durant ce mois saint en produisant quelques denrées alimentaires prisées durant cette période: Malsouka, Raisins secs, figues asséchées, produits faits maison…
Q : le mois sacré coïncide avec la période estivale où les dépenses prennent de l’ampleur, quelle est le budget moyen consacré à toute cette période?
R : Oui, ce mois sacré s’avère plus difficile pour les Tunisiens car il coïncide avec la saison où les dépenses des ménages prennent une vitesse vertigineuse. C’est la période au cours de laquelle les gens sortent de plus en plus pour éviter la chaleur dans les maisons. C’est aussi la saison où les enfants sont en vacances donc ils auront besoin de changer de cadre et de se distraire, pour ne pas dire voyager. Si le budget moyen qui doit être consacré à cette période estivale reste difficile à évaluer, la tâche s’avère difficile pour le tunisien qui aspire à vivre agréablement cette période:
A l’État, de mieux approvisionner le marché et contrôler les circuits de distribution et les prix, aux riches de penser à ceux qui sont privés du minimum de bien être, à la classe moyenne de rationaliser ses dépenses et croire qu’on pourra vivre heureux sans gaspillage ni excès et enfin, aux pauvres de se contenter de ce que dieu leur a donné.
WMC/TAP
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