Tunisie – Tourisme : La réforme est impérative

C’est l’aboutissement de la stratégie de tourisme de masse amorcée depuis les années soixante et poursuivie sans relâche…Le quantitatif et la surabondance au détriment du qualitatif, confortés par l’obsession des chiffres (en termes d’entrées et de recettes exprimées en Dinar constamment dépréciés) qui ont conduit à ce constat, somme toute logique.

A titre d’exemple, l’un des leurres les plus flagrants et certainement les prisés par les bureaucrates de l’ONTT, est l’absence de différenciation du « Tourisme Frontalier » représenté par les entrées d’algériens et de libyens gonflant artificiellement la « cagnotte » du nombre total de visiteurs, ou le déficit de déclinaison des marchés, qui marginalise des marchés pourtant juteux en termes de devises.

S’y ajoute une politique marketing et de commercialisation banalisée, pratiquée par une génération d’opérateurs mercantilistes dont le seul objectif est d’amasser les gains en périodes de vaches grasses, et quémander l’assistance de l’État en temps de crise.

Le Tourisme Tunisien a besoin d’un Livre Blanc et d’une nouvelle stratégie institutionnelle plutôt que de solutions conjoncturelles ou circonstancielles qui favorisent le colmatage.

Le Secteur nécessite et de manière urgente et indispensable une nouvelle Culture qui prône le discernement entre la « Vendre la Tunisie » et « Commercialiser la Destination »…Comme tout nouveau concept, une nouvelle génération d’entrepreneurs moins asservis et plus engagés envers la Tunisie devra apparaître sur la scène, et ce n’est certainement si tôt.

Il suffit de constater la hâte avec laquelle certains responsables et opérateurs s’adressent – et de manière obsessionnelle- à la problématique de la reprise, pour en déduire que les vieux réflexes perdurent et que les maux actuels du Tourisme Tunisien sont traités « à l’aspirine » faute d’un véritable check-up et d’une médicamentation qui n’exclurait pas le scalpel.

Inutile de faire porter la responsabilité à ce gouvernement (du reste provisoire), il fait ce qu’il peut, face aux séquelles cumulées à longueur de décennies qui ont dévalorisé le Produit et dé-positionné la Tunisie, en comparaison à des destinations concurrentes proches qui, il y à vingt ans, traînaient loin derrière nous

Sur un autre plan et au niveau de la Distribution, une nouvelle stratégie devrait s’opposer au legs d’asservissement pratiqué avec les voyagistes étrangers, jusqu’à hypothéquer la Destination…La Tunisie ne pourrait « désintermédier », mais en matière de e-travel, nous sommes en retard d’une révolution (technologique celle là) faute d’opérateurs Tunisiens structurellement atomisés, résolument orientés vers les sentiers battus, comme si la montée en puissance des nouvelles technologies marketing ne les concernaient pas.

Je ne réinvente pas la roue en affirmant que l’arrivée d’Internet a complètement changé la face du monde du tourisme et a conduit les professionnels du secteur à apprendre de nouveaux métiers et à intégrer la notion de « stratégie de marketing touristique » dans leur métier.

Contribution de DHAOUADI Mohamed, publiée sur WMC Tribune des lecteurs