« Le jour où j’ai insisté sur l’affaire de l’acquisition des 16 Airbus, j’ai été écarté de la direction générale de Tunisair. J’aurais dû comprendre que dénoncer Airbus et le jeu d’influence dont le constructeur a usé pour vendre les 16 Airbus à la Tunisie était me condamner d’avance… ». Cette déclaration est de Nebil Chettaoui , ancien PDG de Tunisair, aujourd’hui en prison pour le « délit » d’emplois fictifs dont il nie être responsable et pour lequel d’autres ont été relâchés…Il l’aurait faite au journaliste d’investigation Jamel Arfaoui.
Jamel Arfaoui, a travaillé pendant trois mois sur les pratiques douteuses et les malversations qui ont, pendant des années, mis à plat la compagnie aérienne nationale avait interviewé M. Chettaoui, il n’en revient pas lui-même de ce qu’il a découvert au fil de son enquête : «Un documentaire digne de la série italienne la Piovra», nous explique t-il. Il démontrera également qu’Airbus a les bras longs en Tunisie car il n’est pas normal qu’Air France ne se soumette pas aux pressions de son gouvernement et répartisse sa flotte sur les deux constructeurs aéronautiques Boeing et Airbus pour ne pas être dépendante d’un seul fournisseur, alors qu’on impose à Tunisair l’acquisition de 16 Airbus d’un seul coup. «Le documentaire décortiquera le processus d’acquisition des Airbus, la participation de la famille de l’ancien président de la République dans tous le processus de négociation de leur achat ainsi que celui de l’acquisition du simulateur de vol qui se trouve aujourd’hui à la Charguia », nous a-t-il indiqué.
Le documentaire qui devait être transmis vendredi 22 juin à 21h sur la chaîne Nessma a été reporté pour des raisons techniques. Il décrypterait selon son auteur le processus d’éclatement de Tunisair en trois filiales, le catering, le handling et l’exploitation, le retour au bercail de ces trois fililales aux dépens des équilibres financiers de la compagnie ainsi que la participation de Tunisair au capital de la compagnie aérienne mauritanienne “Air Mauritania” aux dépens de sa rentabilité.
La cerise sur le gâteau sera la construction de l’avion présidentiel, le A 340-500, pour le compte de Ben Ali que la présidence actuelle aurait prétendu avoir mis en vente pour 261 millions de $ alors qu’il a valu entre 120 millions et 140 millions de $ mais qui n’est pas encore vendu.
Les téléspectateurs pourront découvrir l’intérieur de cet avion qui exprime la folie des grandeurs d’un chef d’Etat qui a mené le pays vers le chaos à cause de sa petitesse…
Jamel Arfaoui pourra peut-être nous expliquer qui a été réellement derrière la révocation de Nebil Chettaoui de son poste à Tunisair et si Airbus a joué un rôle dans sa « démobilisation ».
Rappelons que TASC est une Filiale à 100% d’Airbus, spécialisée dans la gestion des pièces et équipements aéronautiques de seconde main, mais aussi dans le marketing et la vente de tous les équipements déposés d’un avion (y compris la gestion des réparations) hors équipements CFMI. TASC est aussi conseil en aéronautique, proposant des stratégies pour le développement des compagnies aériennes. Aurait-elle agi en Tunisie en tant que multinationale conquérante et vénale sans aucun égard pour les intérêts réels de la compagne battant pavillon national et en usant de ses relations avec les milieux influents dans les hautes sphères du pouvoir à l’époque Ben Ali?. Il semblerait, d’après M.Arfaoui, que ses tentacules soient toujours aussi agissants dans certains milieux influents pour qu’Airbus ne soit pas à ce jour touché directement par le scandale de l’acquisition des Airbus.
Amel Belhadj Ali
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