Le président de la Ligue tunisienne des droits de l’homme Abdessatar Ben Moussa a affirmé samedi que les conditions d’un procès équitable pour Baghadadi Mahmoudi “ne sont pas actuellement garanties en Libye”. “Baghadadi Mahmoudi risque la torture et même la liquidation physique en cas d’extradition vers la Libye”, a estimé M. Ben Moussa lors d’une conférence de presse tenue à Tunis.
Il a aussi réaffirmé l’opposition de la LTDH à toute décision d’extradition de l’ex-premier ministre libyen aux autorités libyennes. Le président de la LTDH a aussi relevé “les conditions difficiles d’incarcération” de Baghdadi Mahmoudi (68 ans) qui se trouve actuellement en détention à la prison d’El Mornaguia, appelant à le placer en résidence surveillée dans la mesure où “il y a des menaces pour sa vie en prison”, a-t-il dit.
M. Ben Moussa a aussi indiqué que la LTDH a refusé une proposition présentée par le président provisoire Marzouki pour faire partie de la délégation qui s’est rendue en Libye pour s’assurer des conditions d’un procès équitable pour Mahmoudi. “Nous avons refusé de participer à cette initiative dans la mesure où la délégation se compose majoritairement de représentants du pouvoir exécutif”, a soutenu M. Ben Moussa exprimant son étonnement concernant les déclarations du chef du gouvernement provisoire affirmant “que l’extradition de Mahmoudi se fera même si la décision n’était pas signée par Marzouki”, a-t-il dit.
Des avocats du comité de défense de Mahmoudi ont dénoncé lors de la conférence de presse “une manipulation du gouvernement tunisien et un marché douteux pour justifier la remise de Mahmoudi aux autorités libyennes”. Cette prise de position est partagée par le président du comité international de défense des libyens, Bechir Essid. “Il est regrettable de constater l’existence d’une manoeuvre douteuse entre la Présidence de la République et la présidence du gouvernement concernant ce dossier”, a-t-il dit appelant à la libération immédiate de Mahmoudi et à lui donner la liberté “de choisir le pays d’accueil qui lui convienne”.
Baghdadi Mahmoudi, arrêté en septembre 2011 dans la zone frontalière tuniso-libyenne, fait l’objet d’une grande polémique politico-judicaire concernant la procédure et la légitimité de la partie responsable du dossier de l’ex-responsable libyen.
WMC/TAP