L’avocat du président déchu Zine el Abidine Ben Ali, Me Akram Azoury, a catégoriquement nié mercredi la détention par son client d’avoirs mobiliers ou de bien immobiliers en dehors du territoire tunisien, et notamment en Suisse. Le Département fédéral des affaires (DFAE) de son côté a fait savoir jeudi que, concernant la Tunisie, la Suisse avait bloqué un montant total d’environ 60 millions de francs il y a un peu plus d’une année.
Dans un communiqué transmis à l’Associated Press mercredi, l’avocat qualifie de “dénuées de tout fondement” les déclarations faites mardi par le président intérimaire tunisien Moncef Marzouki à la radio télévision suisse romande (RTS) mardi dernier.
M. Marzouki demandait aux autorités judiciaires et financières helvétiques de “déployer de plus grands efforts pour identifier d’autres avoirs placés (par Ben Ali et ses proches) de manière illicite dans ce pays”.
“Nous voulons que l’argent revienne le plus tôt possible”, avait déclaré le président tunisien. “Si on nous le rend dans 50 ans comme avec l’argent des juifs, cela n’a aucun intérêt”, a-t-il ajouté.
Me Azoury quant à lui fait état d’un échange de correspondances avec Berne qui confirme ses allégations. Il accuse les autorités tunisiennes de “diffamation” à l’encontre de l’ancien président, “en affirmant au peuple tunisien des faits inexacts aux fins d’insinuer que la solution de la crise économique aiguë en Tunisie passe par le rapatriement des prétendus avoirs suisses du président Ben Ali”.
Concernant les avoirs tunisiens bloqués en Suisse, le porte-parole du DFAE, Pierre-Alain Eltschinger, écrit dans un courriel adressé à AP: “au sujet du détail des avoirs bloqués, la Suisse n’a jamais confirmé l’existence ou l’absence d’avoirs en Suisse appartenant à des personnes précises visées par les mesures de blocage”.
Au début mai 2011, le DFAE avait annoncé que 830 millions de francs au total étaient bloqués en relation avec le Printemps arabe. Ils se répartissaient à raison de 410 millions pour le clan Moubarak, 360 millions pour le clan Kadhafi et 60 millions pour la famille Ben Ali.
L’avocat de l’ancien président Ben Ali se dit prêt à accompagner M. Marzouki “s’il le souhaite durant sa prochaine visite en Suisse pour l’assister dans l’opération de rapatriement des prétendus avoirs suisses du président Ben Ali”. Il s’engage à signer au nom et pour le compte de Ben Ali tout document nécessaire à ce propos.
La restitution des avoirs spoliés “est une question de grande importance pour la Tunisie“, a indiqué mardi la présidence tunisienne en réaction à la déclaration du ministère suisse des Affaires étrangères affirmant que la Suisse est déterminée à rendre le plus rapidement possible les avoirs placés dans son pays dont l’origine illicite a été établie, a rapporté l’agence officielle tunisienne TAP.
Source : Associated Press
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