Ce qui nous choque le plus chez Monsieur Hamadi Jebali, c’est qu’il nous promet afin de vaincre la crise, du sang et des larmes: contraignant les Tunisiens au pain dur et à la diète. Tout le reste que proposent l’opposition et les syndicats, à commencer par la recherche d’une autre stratégie, n’est que littérature et perte de temps aux yeux de la troïka tunisienne.
Alors faut-il en rester là? Faut-il se résigner?
C’est vrai qu’augmenter les plus bas salaires c’est une mesure coûteuse, mais cette augmentation est indispensable. Le problème, c’est le coût: 1 milliard de dinars par an. Où les trouver? Je propose une taxe de 3% sur les importations, payée par les entreprises et de s’attaquer aux salaires dont les rémunérations dépassent les 12000 dinars par an. Il faut savoir que 15% de baisse seulement sur les hauts salaires de certains de nos fonctionnaires en Tunisie laisserait espérer une économie de 1,29645 milliards de dinars. De même une taxation progressive allant jusqu’à 70% de la part des revenus annuels supérieurs à 100 000 dinars laisserait espérer une somme qui dépasserait les 2 Milliards de dinars ! Et si Monsieur Hamadi Jebali ne veut pas consulter les corps intermédiaires, comme les syndicats, il peut s’en passer. La solution? La démocratie directe. Il peut prévoir des référendums sur certains choix socio-économiques. Il nous faut une alternative à cette politique sans fondements socio-économiques.
Il nous faut une alternative crédible au moment où tant de nahdhaouiste et des partis au pouvoir (en particulier Monsieur Moncef Marzouki) assurent qu’il n’y en a pas: tel est le défi que doit relever l’opposition. Ennahdha est en train de mener une politique socio-économique suicidaire. Au lieu d’éveiller les esprits, elle les a endormis, au lieu de les éclairer, elle les a obscurcis. L’absence d’une ligne politique claire du gouvernement actuel irrite tous les Tunisiens. Je le déplore amèrement: c’est précisément dans les situations de crise qu’il faut faire preuve de clarté et de crédibilité.
La dévaluation a fait augmenter les prix intérieurs et appauvrit les consommateurs. Elle suppose aussi un plan de rigueur. Elle accroît en proportion le poids de la dette, qui passerait en Tunisie au-delà des 100% de notre PIB. C’est-à-dire à un niveau qui se rapprocherait de celui de la Grèce. Faut-il accepter le seul discours et la seule solution nahdhaouiste? Certes non. Les réponses existent. II faut les faire valoir. II s’agit d’abord de répartition: Les efforts ne doivent pas seulement peser sur les pauvres et sur ceux qui n’ont presque rien. Nous ne voulons pas éviter la rigueur, mais de la faire imposer d’abord aux plus fortunés.
L’effort de toute la société tunisienne est indispensable, mais l’effort pour tous, en proportion des capacités de chacun. L’austérité appliquée avec brutalité, elle bloque la reprise, réduit les recettes et impose de nouvelles restrictions. La Grèce vient d’expérimenter ce cercle vicieux. Concevoir une stratégie alternative, c’est prévoir aussi les moyens de la reprise, c’est-à-dire favoriser l’investissement et l’industrialisation, améliorer recherche et éducation et ménager le pouvoir d’achat des classes populaires, qui soutient l’activité. Une action trop brutale étoufferait l’économie. Ce gouvernement doit donner un calendrier crédible de réduction des déficits, mais un calendrier progressif :
Ennahdha fait de faux calculs : Elle ne pourra jamais casser le mouvement des jeunes qui met ce régime nahdhaouiste sous pression. C’est la lutte des jeunes dans les rues de Tunis, Gabès, Gafsa, Sidi bouzid, etc. qui a fait fuir l’ex dictateur et qui mettra aussi fin à une nouvelle dictature que Monsieur Rached Ghanouchi veut nous imposer! Le mouvement populaire ne cessera pas la lutte pour une vraie démocratie libérale. Nous n’avons pas le courage d’abandonner maintenant. Monsieur Rached Ghanouchi veut nous imposer ses théories théologiques, métaphasiques et socio-économiques par la force. Il s’en fou des prochaines élections et les raisons sont claires
Commentaire de Dr. Jamel Tazarki à l’article Syndicats – Négociations salariales : Pas d’année blanche pour l’UGTT