Dès la mort du Prophète, les premiers « chefs » musulmans ont commis deux erreurs fatales et les 15 siècles d’histoire des musulmans en sont les conséquences directes.
La première est politique : ils n’ont pas appliqué le principe coranique de la « choura » qui veut que le président (car la royauté ou « califat » est anti-islamique), soit élu directement au suffrage universel par tous les musulmans.
En instaurant un système politique « imara » mais transmis par le chef de l’Etat lui-même et limité à certains compagnons, ils ont ouvert la porte aux révolutions et aux guerres fratricides pour le pouvoir. La seconde est culturelle et scientifique. Aucun « calife » ou roi ne s’est préoccupé de l’enseignement et des écoles pendant plus de 450 ans!
La première école vit le jour à l’initiative du vizir Nizam al-Mulk, ministre des Seljouqides. Jusqu’au 5ème s. H, il n’y avait aucun médecin musulman ni un hôpital. La raison en est que l’enseignement fut confiné dans les mosquées et limité à la langue et à l’enseignement dit « religieux ». Or, quand une oumma perd quatre siècles de son histoire sans créer une culture, une science et un système politique propres à elle, cette « oumma » est condamnée à sortir de l’Histoire et à mourir.
Si, aujourd’hui, on veut transformer la mosquée Zitouna elle-même et ses dépendances en école ou université, c’est qu’on veut rouler au sens contraire du roulement du train de l’Histoire. D’abord, toute mosquée n’est faite que pour la prière, c’est le Coran qui le stipule et l’ordonne. Ensuite, quel avantage y a-t-il à étudier dans une mosquée ? Enfin, pourquoi ne pas enseigner ce que l’on veut diffuser dans la mosquée Zitouna dans un établissement scolaire comme les autres ?
Si cette initiative aberrante est juste une « revanche » de Bourguiba francisé laïc, elle n’en est pas une.
Si c’est une « contre-offensive » envers les laïcs francisés de Tunisie et surtout de la faculté de la Mannouba, elle est stupide.
Si c’est une « avancée » du fondamentalisme hadihtiste idéologique, elle est vouée à l’échec.
La Tunisie dans toute son histoire a « dégagé » et vomi les endoctrinés idéologiques aussi bien hadhistes que laïcs. Si elle a refusé et dégagé « l’imam » Suhnoon, lui-même puis Bourguiba et Ben Ali et leurs acolytes, elle n’acceptera jamais un « tahryr ». Ce soi-disant « salafisme » n’est qu’une « mode » et s’évaporera tout seul. Le vrai danger pour le pays, aujourd’hui, est ailleurs.
Commentaire de Amad Salem à l’article Ministère de la santé : Pas question d’un enseignement de la médecine à la Zitouna