« Il n’y a point de si mauvais livre dont on ne puisse tirer de bonnes choses, disent tous les gens d’esprit et de goût ; il n’y a pas non plus de si bon livre dont on ne puisse faire un extrait malignement tourné, qui défigure l’ouvrage et l’avilisse » (Jean-François MARMONTEL, Élem. litt. Oeuv. t. VII, p. 347, dans POUGENS).
La « polémique » sur le livre « Ma vérité » attribué à Leila Trabelsi Ben Ali, comme toute polémique sur un autre livre, peut-être considérée de trois dimensions essentielles : politique, idéologique et liberté.
Disons d’abord, qu’il est fort douteux que Leila ait écrit ce livre car elle est totalement incapable. Ceci n’enlève rien à la valeur intrinsèque de ce document.
Si Mr Abderrahmane Ladgham a annoncé ses « mesures » au nom du gouvernement, c’est que ce gouvernement a peur pour lui-même ou pour d’autres personnalités très haut placées qui auraient suggéré ou ordonné l’interdiction du livre en Tunisie. Là, nous avons le volet personnel : tout livre fait peur aux magouilleurs de tout acabit.
Là, nous avons, aussi, le politique. M. Ladgham représente la mentalité despotique bourguibienne et fasciste qui élimine le droit d’expression et la liberté de parole.
Cette interdiction entre aussi dans la guerre idéologique qui déchire le pays aujourd’hui et met en péril tout ses acquis, son économie et son avenir. On se demande qui a, donc, peur d’un livre présentant une soi-disant « réalité » sur la fin du système mafieux et la chute du Parrain et la Marraine ?
La majorité des peuples dont surtout les musulmans, sont sortis de l’histoire parce que leurs politiciens et leurs idéologues ont interdit et brûlé des livres, tué et emprisonné des auteurs, donc enseveli le cerveau et clos toutes les portes et fenêtre dans le pays. Veut-on réinstaurer le discours unique de Bourguiba et Ben Ali ? Veut-on encore ne trouver dans le pays que des journaux et livres d’apologie médiocre et hypocrite ? Veut-on, encore, ne voir que des feuilletons d’égout et un théâtre de séniles ?
Interdire « Ma vérité », ouvre la porte toute grande à l’interdiction de tout autre livre et donc au fascisme culturel.
Il n’y a pas de mauvais livres, il y a seulement de très mauvais lecteurs.
Commentaire de Amad Salem à l’article Tunisie : La distribution du livre « Ma vérité » de Leila Ben Ali fait polémique