Les blessés de la révolution observant ce matin un sit-in devant le siège du ministère des Droits de l’Homme et de la justice transitionnelle et accompagnés de leurs mères ont été agressés par les forces de l’ordre. C’est fou à quel point notre police peut être réactive dès qu’il s’agit de revendications ou de débordements de la part de personnes défendant leurs droit ou de professeurs universitaires et lente et soucieuse de l’autorisation du procureur de la République dès lors que c’est un salafiste qui abaisse le drapeau national ou élève le drapeau noir des extrémistes Wahhabites en haut d’un horloge situé en face du ministère de l’Intérieur!!!
Nous avions pensé le temps des violences à l’encontre des citoyens révolus. Nous avons cru les sit-in et les manifestations, pratiques devenues aujourd’hui courantes dans la Tunisie postrévolutionnaires à tel point qu’ils en sont devenus insignifiants et ne suscitent même pas l’intérêt des nouveaux responsables très “humains”, apparemment!
Un témoin oculaire sur les incidents de ce matin se déclaré outré “Je me suis rendu sur place muni de mon appareil photo. Je voulais discuter avec les blessés, j’ai trouvé une cinquantaine de personnes ainsi que le président du parti pirate, Slaheddine Kchouk et Mariam Mnouar, présidente du parti Tunisien. Ils avaient appelé à soutenir le sit-in. Les blessés étaient là attendant qu’un responsable du ministère sorte pour parler avec eux mais en vain. En désespoir de cause et la tension à son summum, ils ont voulu accéder de force par la porte de service au ministère et ont été très vite admonestés par les agents en poste à l’intérieur du ministère”.
Très vite des renforts sont arrivés et c’est là que les agents de l’ordre ont commencé user de leurs matraques et des bombes lacrymogènes à l’encontre des manifestants qui se sont carrément assis au milieu de la route pour attirer l’attention du public et des passants. Les policiers ont exigé du témoin cité plus haut qu’il efface les photos prises arguant “que je n’avais pas le droit de prendre des photos sinon qu’ils casseraient ma caméra, et des jeunes gens arrivés en taxi ont jeté des pierres sur tout le monde manifestants et agents de l’ordre ce qui a encore plus envenimé l’atmosphère et nous avons tout dû nous enfuir”.
Quelques blessés ont été transportés à l’hôpital Charles Nicolle et des mères de blessés qui ont été sidérées de voir arriver des représentantes des partis Ennahdha et CPR pour essayer de négocier avec elles et leur faciliter l’accès à Samir Dilou, ministre des Droits de l’homme et de la Justice Transitionnelle. Un jeune homme qui a diffusé une vidéo de ce qui s’était passé devant le ministère a pour sa part été escorté par Me Radhia Ennasraoui et une consœur pour échapper à la vigilance de la police, quant au président du parti pirate, il a été arrêté et mis dans une voiture de police de marque Isuzu.
Sur twitter, les internautes y sont allés de leurs commentaires : “Le président de l’association des blessés, la mère et la femme d’un martyr et pleins d’autres sont inconscients aux urgences”…
“La3raidh tolère la violence verbale et physique des salafistes, leurs appels aux meurtres mais s’attaque aux blessés de la révolution”…La justice de transition selon Samir Dilou, « on matraque tout le monde surtout les mères des blessés et des martyrs. » « Ils ont arrêté 2 filles , 2 garçons à terre et les policiers courent après les gens !!… Gaz lacrymogène devant le ministère de Dilou
Eh oui, chasses le naturel, il revient au galop, Marhba chère police républicaine et citoyenne dans la Tunisie nouvelle post-Ben Ali.
A.B.A
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