« La multitude qui ne se réduit pas à une unité est anarchie, l’unité qui ne se réfère pas à la multitude est tyrannie », c’était Pascal, cité par un Monastirien imprégné de la pensée bourguibienne et commentant la grande manifestation qui se tient à Monastir samedi 24 mars. Pour lui, cette rencontre revêt une grande symbolique reflétant l’unité de la nation.
« Historiquement, Monastir est un mélange de musulmans venant de tous bords et de toutes les régions. C’est de Monastir que sont partis les défenseurs de Kairouan, de l’islam et de l’arabité, la première musulmane qui a gouverné est de Monastir, c’était Om Mallal, la tante d’El Moez Ibnou Badis. Nous voulons marquer notre appartenance à la Tunisie et notre unité avec les Tunisiens de toutes les régions pour mettre en place de nouvelles valeurs et trouver une porte de sortie au marasme socioéconomique dans lequel est englué le pays ».
On ne peut penser à la grande manifestation « L’appel de la patrie » organisée demain par la jeune association d’obédience destourienne bourguibiste sans revenir dans l’histoire du mouvement national et citer le « Congrès de Ksar Hlel » de 1934 qui a marqué un virage dans la lutte pour l’indépendance « Il ne s’agit pas d’un virage, mais plutôt d’une remise sur les rails du processus démocratique. Nous avons cru le processus démocratique enclenché le 14 janvier avec les élections et ce qui s’en suivaient.
Les jeunes et tous les Tunisiens qui étaient descendus dans la rue révoltés contre le régime Ben Ali voulaient mettre à bas le système dictatorial et corrompu et avoir de meilleures conditions de vie. Ils ne voulaient pas changer de modèle de société. Qui sont ces gens qui sont soudainement apparus pour bouleverser un modèle social séculaire, qui les a formés, qui les a endoctrinés, pour qui ils roulent?».
Le peuple a élu des représentants en qui il voyait une droiture inspirée de convictions religieuses et de hautes valeurs humaines. Les discours ambigus exprimés ça et là, le double langage et les déclarations qui contredisent totalement les promesses préélectorales où il n’était nullement question de remettre en question le modèle social tunisien profondément amarré dans sa culture arabo-musulmane, tolérant et réceptif aux autres, ont fini par le désorienter totalement. A qui devrait-il se fier maintenant ? D’où l’importance d’une alternative. Sortira-elle de Monastir demain?
« Ce n’est pas autant l’alternative que la symbolique représentant l’un des disciples d’un grand réformateur comme Bourguiba, indépendamment de ses défauts, et invité par les jeunes fondateurs de l’Association de la pensée réformiste bourguibienne. Car comment ne pas se poser des questions sur l’avenir de l’unité nationale lorsque nous entendons autant parler de « fitan ». Nous n’avons jamais auparavant vécu des discordes à cause des Youssfistes/Bourguibistes, islamistes/musulmans et encore moins de régionalisme et de communautarisme. Qui nourrit ces nouveaux fléaux qui veulent gangrener la société tunisienne ? Nous devrions chercher les réponses à cela ».
Plaider pou une unité nationale et la réunification de toutes les forces du pays, d’où qu’elles viennent et quelle que soit leur appartenance sans distinction de sexe, de race, d’obédience politique ou religieuse serait le but ultime de la rencontre de Monastir. Ce sont des jeunes qui n’ont jamais connu Bourguiba qui sont les initiateurs de cette actions, ils l’ont découvert après la révolution, est ce parce qu’ils cherchaient un modèle qu’ils se sont orientés tout naturellement vers lui ? L’important est que cette initiative aboutisse à du concret et que la Tunisie se retrouve au lieu de se perdre.
Amel Belhadj Ali
En relation: Live “Appel de la nation” – Monastir 24 mars 2012