Le retour du Bourguibisme, une menace pour le mouvement Ennahdha ?

Ennahdha, il lui reste encore trois défis à relever afin d’imposer son idéologie politique au peuple tunisien: s’infiltrer dans les syndicats, avoir la mainmise sur le ministère de la défense et neutraliser le couple Béji Caïd Essebsi et Fouead Mebazaa. Et je parie avec vous qu’il n’y aura pas des élections législatives en Tunisie tant qu’Ennahdha n’aura pas anéanti ses obstacles (du moins partiellement). Ça peut prendre deux ou trois ans, mais ce parti politique qui n’est que dans les apparences démocratique va avoir la mainmise sur tout le pays et pour un temps indéterminé.

 

On peut se demander, Pourquoi Ennahdha veut neutraliser politiquement Béji Caïd Essebsi? Cette question se pose actuellement dans la vie quotidienne de tous les Tunisiens. La réponse devrait être évidente. Elle est la clef même d’une compréhension commune de ce qui se passe et de ce qui va se passer en Tunisie les années à venir. Enahdha a compris qu’elle ne sera jamais en position de force tant qu’elle n’a pas neutralisé sur le plan politique Monsieur Béji Caïd Essebsi pour des raisons claires…
Ainsi un comité a été créé pour la défense des victimes de torture du mouvement yousséfiste. Deux actions ont été déjà intentées en justice et une troisième en cours contre les responsables du ministère de l’Intérieur et de la direction de la sécurité publique des années 1957 à 1972. Il est évident que l’ouverture de ces dossiers a été commanditée par des membres de la Troïka afin de neutraliser (par des méthodes irrégulières et des témoins opportunistes) politiquement Monsieur Béji Caïd Essebsi. Ce qui est contradictoire est le fait que Monsieur Rached Ghanouchi a démenti dans un interview à la chaine de télévision nationale tunisienne (schahed et chawehed, émission qui a lieu tous les dimanches à partir de 19 heures ) l’existence de toute sorte de torture durant le règne de Bourguiba, il a même avoué qu’il a eu le temps d’écrire plusieurs livres en prison…
Puis les Tunisiens ne comprennent plus pourquoi, tout d’un coup on commence à salir le passé historique de Bourguiba et indirectement de la Tunisie. C’est une question dont beaucoup de Tunisiens aimeraient bien avoir la réponse. Bourguiba est un héros dans le monde arabe et européen. Je ne connais pas d’Allemands qui ne connaissent pas le combattant suprême, Monsieur Habib Bourguiba! Un Ami allemand, professeur de mathématiques à l’université de Munich et fanatique de la Tunisie, à tout-de-suite compris qu’Ennahdha cherche à neutraliser un adversaire d’une très grande intelligence!
Ce que l’on voit ces derniers jours à la télévision nationale tunisienne est une déformation de l’histoire de notre pays : ces pseudo-historiens, qui nous donnent une biographie du combattant suprême Habib Bourguiba hors de tout contexte de l’époque, témoignent d’une méconnaissance de l’histoire tunisienne. Les phénomènes historiques ne peuvent pas être étudiés hors de tout contexte social et politique et de tout effort de compréhension des causalités récursives. Parfois un ensemble d’interactions (ou de processus relationnels) peut donner un sens et une justification à une action en son sein. Envisager la complexité de notre histoire de façon très simpliste est une très grave faute. La complexité ne saurait être quelque chose qui se définirait de façon simple et laisser ainsi la place à la simplicité afin de s’abaisser au niveau des éléments retardataires et arriérés de notre société.

Bourguiba était au fond un démocrate qui a dû faire face à une opposition politique non démocrate et qui voulait le pouvoir à tout prix. Il y avait une seule logique: neutraliser ou être neutralisé par l’opposition politique qui n’était que dans les apparences démocrate. Bourguiba ne pouvait pas gagner avec des méthodes démocratiques dans un combat irrégulier. L’histoire et la très mauvaise expérience que nous sommes en train de vivre avec Ennahdha lui donnent raison. Après des années de bonne gouvernance, Bourguiba était sans doute victime de faux médicaments (peut-être un acte criminel de l’un de ses adversaires?) qui ont neutralisé ce qu’il avait de plus cher, son intelligence et sa vitalité !

J’ai de la compréhension des victimes (et de leurs descendants) de torture du mouvement yousséfiste. Mais, j’avertis ces derniers, qu’il ne faut pas riposter au mal par le mal et qu’ils font une très grande faute s’ils se laissent manipuler en 2012 par des partis politiques dont certains membres sont non démocrates et qui veulent abolir le parlement tunisien. Ça serait un très mauvais signe s’ils coopèrent avec les partis politiques qui ne sont que dans les apparences démocratiques et ça serait même en contradiction avec les valeurs pour lesquelles ils ont apparemment combattus : une pareille attitude manque totalement de crédibilité! La Tunisie a besoin de Monsieur Béji Caïd Essebsi et de Monsieur Fouead Mebazaa pour des raisons qui doivent être évidentes pour beaucoup de Tunisiens.
J’étais un grand fan de Monsieur Moncef Marzouki. Il a déçu tous ceux qui ont cru en lui. La Tunisie a besoin de son savoir-faire plutôt dans le domaine des neurosciences et non pas dans la présidence du pays. On a tous combattu la dictature de Ben Ali à notre façon, Monsieur Béji Caïd Essebsi aussi. Notre Combat était silencieux, mais peut-être plus efficace que celui de Monsieur Moncef Marzouki qui reproche la passivité de ses adversaires politiques durant les deux dernières décennies!
Commentaire de Dr. Jamel Tazarki à l’article Un comité de soutien à Béji Caïd Essebsi