Tunisie – Universités – Elections des Conseils scientifiques : Portée de la victoire de l’UGET

Par : Autres

Après leur victoire aux élections de la Constituante du 23 octobre, les islamistes ont perdu deux importantes élections au niveau national. D’abord, celles concernant le bureau exécutif de l’Union général des travailleurs tunisiens, ensuite celles des Conseils scientifiques au sein des universités qui viennent de se dérouler et auxquelles l’UGTE (islamiste) a obtenu moins de 6% des sièges sur le plan national.

Ces échecs des islamistes peuvent avoir deux explications possibles

La première explication est conjoncturelle et est due à une contre-réaction de la rue par rapport à la manière dont ont été perçus tous les évènements qui ont eu lieu depuis les élections du 23 octobre, à la manière dont le gouvernement a géré le pays ainsi qu’aux faits et gestes de nombre des membres de la Troïka, à la permissivité de ce gouvernement envers les courants extrémistes, avec tout ce qui s’est passé à La Manouba ou avec les médias, etc. En ajoutant à cela les changements de position des islamistes malgré les promesses faites –aux Tunisiens- pendant la campagne électorale,…

La deuxième explication n’est pas conjoncturelle, et serait toute simple : ceux qui ont voté en masse en faveur des islamistes n’ont pas participé aux élections de l’UGET ou à celles des Conseils scientifiques des Universités. Ce ne sont ni des salariés syndiqués, ni des étudiants. Ces résultats deviendraient donc tout à fait logiques et le résultat de ces élections ne serait donc pas conjoncturel.

Dans tous les cas de figure, et quelles que soient les raisons de l’échec des islamistes, le pôle progressiste et moderniste a encore des chances de réussir, et ce en tirant les bonnes leçons de ces élections.

La première leçon à tirer, de ces deux exemples d’élections, est que ceux qui n’ont pas voté en faveur des islamistes l’ont fait parce qu’ils ont pu trouver pour qui voter en dehors des islamistes. Ce qui n’est pas le cas actuellement si des élections avaient lieu dans le pays. Les partis progressistes modernistes sont actuellement absents du paysage politique du pays. Ils sont tellement impliqués dans leurs affaires internes, à discuter des modalités de leur fusion, qu’ils ont presque oublié de faire de la politique. Seules quelques rares personnalités politiques et quelques partis continuent à annoncer leur position ou à déplorer ce qui se passe dans le pays.

La deuxième leçon, c’est que les jeunes, le personnel syndiqué et bien d’autres ne sont pas pro-islamistes, bien au contraire. Ce sont eux qui doivent être les ambassadeurs des partis politiques, ce sont eux qui pourront expliquer aux électeurs comment se forger leur opinion et comment choisir pour qui voter en connaissance de cause et sans être influencés par un casse-croûte ou un Imam de mosquée qui utilise, voire déforme, les paroles de Dieu afin de faire en sorte que les gens lui permettent de réaliser ses desseins propres ou ceux de ses alliés.

Mustapha Mezghani

(Kolna Tounes)