Lors de son récent périple dans la région du Maghreb, Hillary Clinton a fait une déclaration lourde de sens qui appelle quelques commentaires. En effet, la chef de file de la diplomatie américaine a laissé entendre que l’expérience tunisienne montrait que l’islam politique n’est pas incompatible avec la démocratie. Un chèque en blanc, s’il en est, pour des fanatiques de la politisation de la religion islamique qui, pourtant, n’en espéraient pas tant.
Au lendemain des attentats du 11-Septembre, les Américains, républicains comme démocrates, ont estimé que la démocratisation des pays arabo-musulmans était une solution, parmi d’autres, qui permettrait d’endiguer les velléités terroristes des intégristes et d’affaiblir une nébuleuse comme Al-Qaïda.
La divergence du point de vue, au sein du sérail américain, résidait, grosso modo, dans le choix de la méthode idoine. Pour les néoconservateurs, cette “démocratisation” devait s’effectuer y compris à travers l’action militaire et la projection de la force américaine sur des terrains “arabo-islamiques” où des gouvernements non hostiles aux États-Unis, parfois fantoches et non représentatifs, devaient être installés.
Les démocrates, quant à eux, ont estimé que cette même “démocratisation” devait sortir des entrailles des sociétés et représenter une aspiration des peuples. Mais les deux visions se rapprochaient quant à l’impérieuse nécessité d’intégrer les islamistes dits “non-violents” dans le jeu politique.
Par Mohamed Sifaoui, Journaliste, écrivain et réalisateur
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