Une enquête nationale sur la violence à l’égard des femmes en Tunisie réalisée en 2010 a révélé que 47,6% des femmes ont subi, au moins, une des formes de violence durant leur vie.
L’enquête réalisée par l’Office national de la famille et de la population et l’agence espagnole de coopération internationale pour le développement (AECID) a concerné un échantillon de 4000 femmes âgées de 18 à 64 ans des différentes régions du pays. Ce taux de prévalence globale de la violence qui est défini par l’existence d’au moins une des violences physique, psychologique, sexuelle ou économique est plus élevé dans les régions du sud ouest atteignant 72,2% tandis que le taux le plus faible est enregistré dans les régions du Centre Est (35,9%).
L’enquête dont les résultats ont été présentés, mercredi à Tunis, a démontré que le niveau d’instruction n’est pas statistiquement associé à la violence alors que le statut professionnel l’est. Les femmes au foyer sont plus exposées que celles qui travaillent. Il en ressort également que la violence physique est la plus fréquente (31,7%), suivie de très peu par la violence psychologique (28,9%). Viennent ensuite la violence sexuelle (15,7%) et la violence économique (7,1%).
Le partenaire intime est l’auteur de la violence physique dans 47,2% des cas, de la violence psychologique dans 68,5%, de la violence sexuelle dans 78,2 % et de la violence économique dans 77,9% des cas. Les membres de la famille sont, quant à eux, désignés comme auteurs dans 43% des cas pour les violences physiques.
Les violences exercées en dehors de la sphère intime et du cadre familial sont les violences sexuelles dans 21,3% des cas, la violence psychologique dans 14,8% des cas et enfin la violence physique dans 9,8% des cas.
Parmi les femmes ayant déclaré avoir subi la violence, 40,9% déclarent avoir quitté le domicile suite à la violence et 17,8% ont porté plainte. Quand elles quittent la maison, elles vont en premier lieu chez leurs parents (87,7%). Les femmes semblent résignées car elles n’attendent l’aide de personne dans 73% des cas.
Les ONG ne sont citées que par 5,4% des femmes. La police et les structures de santé sont très peu identifiées par les femmes, soit respectivement 3,6% et 2,3% des cas. Le faible recours aux services officiels témoigne, également, en partie de l’offre limitée de services dans de nombreuses régions.
Toutefois, même dans les régions relativement bien équipées pour prendre en charge les femmes victimes de violence, des obstacles comme la peur, la crainte de la stigmatisation ou la crainte de perdre la garde de leurs enfants empêchent de nombreuses femmes de rechercher de l’aide.
A cette occasion, M. Abdellatif Makki, ministre de la santé a souligné que la violence fondée sur le genre est définie comme étant “la violence basée sur les rôles sociaux dictés par la société, en considération du rôle biologique des deux sexes et ce, selon un système de valeurs, d’Us et de coutumes conduisant à une inégalité fondée sur le sexe biologique”. Il a ajouté que, selon le rapport de l’Organisation Mondiale de la Santé de 2002, la violence contre les femmes est la cause principale de décès ou de handicap chez les femmes âgées de 16 à 44 ans et qu’elle est l’origine de graves préjudices à la santé reproductive et sexuelle des femmes et des jeunes filles.
WMC/TAP