Une récente interview de Rached Ghannouchi à un confrère marocain donne à penser que ce dernier dirige le pays. Voici ce qu’il dit au sujet des mesures qu’il faudra prendre pour encourager un plus grand flux d’investissement en provenance des pays du Golfe: «Aujourd’hui, nous allons nous repositionner vers le monde arabe et, par exemple, supprimer le visa pour les ressortissants des pays du Golfe, comme cela a été fait il y a des années pour les ressortissants européens». Il est à se demander si cette décision de souveraineté ne devait pas être annoncée par le président de la République, le chef du gouvernement ou par le ministre des Affaires étrangères.
Les déclarations de Rached Ghannouchi à notre confrère Mme Férida Ayari, correspondante de Tel Quel à Tunis, comportent des phrases dans lesquelles le chef du mouvement Ennahdha utilise le «nous» (en évoquant sans doute Ennahdha, dont il est le chef) et dit ce qui va être sans doute entrepris. Comme celle-ci: «Nous devons (en parlant des salafistes) leur donner leurs droits». Le droit de parler, mais aussi, si l’on comprend bien l’interview donnée à l’hebdomadaire marocain, d’être autorisés.
Tout porte à croire en effet qu’il s’agit là du fond de la pensée de Ghannouchi. Voici les propos du chef du mouvement Ennahdha sur cette question: «J’aimerais les (les salafistes) ramener dans le cadre de la loi en les faisant rejeter les violence. Ce sont des Tunisiens à part entière». Avant d’ajouter plus loin: «Il faut intégrer le courant salafiste dans le cadre de la loi. Dans les années 70 et 80, la bande à Baader en Allemagne et les Brigades Rouges en Italie étaient des mouvements d’extrême gauche hors la loi. Aujourd’hui, leurs héritiers siègent au Parlement européen».
Mohamed Farouk
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