“On voulait habiller l’horloge de l’Avenue Habib Bourguiba, froide, impersonnelle et symbole des temps révolus qui ont vu le peuple tunisien subir une oppression sans pareille, de posters de la révolution, de ceux et celles qui ont renversé la donne et ont changé le paysage politique non seulement de leur pays, mais du monde”.
La délégation de la culture de Tunis et la troupe de théâtre Al Halaka voulaient donner vie à cette horreur artistique qu’est cette horloge qu’on voulait semblable à la “Big Ben” britannique et qui n’en est même pas une pâle imitation.
“On la voulait témoin, mémoire et voie de tous ceux qui se sont révoltés, se sont mobilisés et ont milité pour le départ du dictateur, ceux qui ont crié “vive la Tunisie”, “à bas la dictature”, ceux qui ont payé de leur sang leur affranchissement d’un système totalitaire”.
Ceux qui ont pensé l’habillage de l’horloge par des posters géants, étaient sûrs qu’ils allaient être félicités par le nouveau gouvernement, car n’est-ce pas grâce à ceux qui figurent sur ces photos qu’il a lui-même pris place à la tête du pays?
Ils étaient sûrs qu’on allait leur rendre grâce de leur idée et qui rend hommage à tous les Tunisiens et Tunisiennes qui ont, le 14 janvier, investi les rues et les avenues de tout le pays et ont décidé que leur vie devait changer, qu’ils méritaient mieux que Ben Ali et son système.
Pourtant, c’est le refus, la désillusion, la déception qu’ils récoltent aujourd’hui, car les nouveaux seigneurs du pays ne veulent pas d’une horloge habillée des images de la Tunisie de décembre et janvier 2011, ils veulent qu’elle reste nue comme la culture qu’on a vidée de toute consistance depuis 23 ans et qu’on n’arrête pas de marginaliser aujourd’hui même, déclarent les acteurs de cette initiative.
D’un gouvernement à l’autre, le calvaire des Tunisiens finira-t-il un jour?
A.B.A