Khayem Turki, victime d’une campagne de dénigrement venant d’un groupe d’investissement émiratie?

Khayem Turki, n’est pas l’aventurier venu de nulle part, exhibant une ambition politique démesurée allant à l’encontre de son éducation, de ses compétences et de ses principes, affirme des proches d’Ettakatol. Et le retrait de sa candidature en tant que ministre des Finances n’est pas le fait du hasard, mais plutôt de l’absence du courage politique et du jeu malsain du pouvoir. Mais qui est Khayem Turki ?

Né en 1965, il est un diplômé d’IHEC Tunis, diplômé des Sciences politiques de Paris et de l’université américaine du Caire. Entre autres responsabilités, il a assumé celle de directeur du métro du Caire, d’analyste financier à la place de Londres en private banking pour le compte de la « Société générale » et manager du groupe de Médias Funoon en Egypte.

Il aurait pu rester là où il est, être beaucoup plus rémunéré et mieux gratifié. Il a choisi de rentrer au Bercail, comme beaucoup d’autres, dont les ambitions politiques étaient déclarées et les parcours pas aussi transparents ou aussi reluisants que ceux de Khayem Turki. Une personne qui de l’avis de tous ceux qui l’ont connue est intègre, a une haute idée des valeurs morales et aime profondément son pays, qui a créé une association appelée « Citizens Time » pour aider les plus défavorisés à accéder aux soins, à l’éducation et à toutes sortes d’encadrement.

Et c’est tout naturellement qu’il s’est retrouvé au parti Ettakattol parce qu’à l’époque des événements d’Erdayef, les aides qu’il envoyait transitaient par ce parti et il était en étroite relation avec Mustapha Ben Jaafâr, lequel d’ailleurs ne lui est aucunement apparenté.

Le fait aujourd’hui de revenir sur la candidature de Khayem Turki sous prétexte qu’il a été victime d’une campagne calomnieuse dont la source est un groupe d’investissement émiratie est grave à plus d’un titre. Tout d’abord, cela ne plaide pas en faveur de la solidité du parti Ettakattol, lequel remet en cause un choix effectué précédemment suite à une information calomnieuse qui proviendrait d’un avocat représentant un groupe d’intérêts émiratie. Ce qui pourrait prouver que les intervenants économiques peuvent aussi influencer des décisions politiques tunisiennes.

Si Khayem Turki est réellement l’auteur d’une malversation à l’encontre du groupe émiratie, ce dernier aurait dû déposer plainte depuis belle lurette. Sachant que Khayem Turki qui travaillait chez le groupe en question, s’en est retiré en démissionnant de manière pas très tendre, à cause, affirment nos sources,  de problèmes de gouvernance et de certaines pratiques qui y régnaient. 4 ans après, on lui rend, semble-t-il la monnaie de sa pièce non pas par esprit de revanche mais de “peur que ministre des Finances, il les dénonce s’ils décident de s’attaquer au site Tunisie ou d’y investir”.

Cela rappelle les pratiques des multinationales américaines, qui démettaient et remettaient des présidents et des ministres dans certains pays de l’Amérique latine. Nous en entendions parler, aujourd’hui, allons nous le vivre en Tunisie?

Les « révolutions », loin du regard romantique que nous pouvons poser sur elles, peuvent porter en elles d’autres maux. Avant, on parlait des « riches des guerres », aujourd’hui, il faut parler des « riches des révolutions ». Les révolutions ont toujours été faites par les idéalistes et ce sont certains opportunistes qui en profitent. Mais peut être qu’il faudrait garder à l’esprit que lorsqu’on ne peut protéger les plus vulnérables, les plus faibles, lorsqu’on les jette en pâture à la logique révolutionnaire et qu’on les sacrifie au populisme politique, nous finissons tous par trinquer le poison haineux que nous avons versé. Les bourreaux d’hier peuvent être les victimes d’aujourd’hui et celles d’aujourd’hui peuvent devenir les bourreaux de demain.

Une logique tout à fait humaine.

Amel Belhadj Ali