Le monde vit une grave crise systémique. Au menu, mise en cause de modèles de développement, pertes d’échelles de rating touchant les pays jusque-là invulnérables, ralentissement sans précédent de la croissance générant une aggravation des tensions sociales dans les pays qui sont nos partenaires. Notre pays, avec son économie très ouverte sur l’économie mondiale ressent durement les retombées de cette crise, et rend plus préoccupants nos problèmes internes générés par la révolution.
Le tableau est alarmant : aggravation historique du chômage, réduction alarmante de nos réserves de changes qui se rapprochent dangereusement du seuil fatidique de 90 jours, inflation endémique qui mine le pouvoir d’achat des Tunisiens, climat d’affaires très opaque et incertain aux yeux des opérateurs économiques qu’ils soient nationaux ou étrangers.
C’est dans ce contexte que nous sommes inquiétés, voire stupéfaits par les informations publiées par les médias, annonçant que le prochain gouvernement sera composé de 53 membres. Du jamais vu !
En temps de crise, on devrait opter pour un gouvernement restreint ne dépassant guère les 20 membres, or on se trouve dans une situation complètement antagonique. A titre comparatif nous mentionnons que la France compte 23 ministres pour une population de 65 millions d’habitants. Le gouvernement britannique est constitué de 22 ministres pour une population de 60 millions, alors que l’administration Obama comporte 15 secrétaires d’Etat pour une population de 308 millions.
Evidemment tous les ministres et secrétaires d’état sont choisis selon des critères stricts d’aptitudes et de compétences, vu qu’il y a d’autres moyens pour récompenser les militants.
Nous trouvons cette information, si elle devait se confirmer, complètement irrationnelle, et nous appelons monsieur le futur Premier ministre à revoir sa décision. En effet, dans une situation précaire comme la nôtre ou la croissance nous fait défaut, on devrait être moins prodigue et s’engager dans des plans de restriction budgétaire suivant des logiques imparables de rigueur.
Concernant le budget de la présidence de la république, et le salaire du président qui frôle les 30.000 dinars, nous trouvons les chiffres complètement disproportionnés pour un poste qui jouit de prérogatives honorifiques. On notera au passage que Mario Monti, le nouveau chef du gouvernement italien, a fait savoir il y a deux semaines qu’il ne percevra pas son salaire de président du Conseil, ni de ministre de l’Economie durant tout son mandat.
Concernant l’Assemblée nationale constituante, nous avons appris de façon officieuse que les élus prévoient de toucher des salaires de 3.000 dinars par mois, auquel cas la constitution coûterait au contribuable 11,7 millions de dinars, sans compter les prises en charge, et les primes de déplacement. Au vu des mesures de rigueur et de restriction budgétaire qui s’imposent, nous pensons que le bénévolat des élus devient inéluctable.
D’autre part, nous pensons qu’il est impératif que tous les frais liés à la vie privée des membres du gouvernement soient acquittés sur leurs deniers personnels. Comme il devient inévitable que les cérémonies, réceptions ou manifestations soient réduites au strict minimum exigé par les règles de protocole envers les invités étrangers.
Au vu des conventions internationales, des traités et des lois qui régissent les associations de la société civile, l’Attf, qui jouit de toute son indépendance, continuera d’interpeller les responsables politiques concernant toutes les décisions hâtives, et les dérives hégémoniques ou totalitaires qui aboutiraient à la dilapidation des biens du peuple et à une récession sans fin.
Comme on ne tardera pas à dénoncer toute utilisation abusive des dotations des ministères, et on ne manquera pas de s’adresser à la magistrature en cas d’abus et de violations des règles de préservation des biens publics, quelle qu’en soit l’ampleur.
(Source communiqué)