Des mesures décisives doivent être prises d’urgence pour empêcher la propagation de la crise de la dette souveraine dans la zone euro et pour rétablir une activité économique mondiale qui s’affaiblit, d’après les dernières Perspectives économiques de l’OCDE.
La crise dans la zone euro reste la principale menace pesant sur l’économie mondiale, indiquent les Perspectives. L’inquiétude grandit quant à la viabilité des dettes souveraines dans l’union monétaire. Si rien n’est fait pour y remédier, la contagion récente de pays dont les finances publiques étaient réputées relativement saines pourrait considérablement aggraver les perturbations économiques. Les pressions s’exerçant sur le financement et les bilans des banques vont accroître le risque d’une pénurie de crédit.
Il y aurait un autre risque sérieux de détérioration si aucune action n’était décidée pour compenser les importantes restrictions budgétaires qu’implique la loi en vigueur aux États-Unis. Ce resserrement pourrait faire basculer l’économie dans une récession que la politique monétaire aurait bien du mal à contrecarrer.
« L’horizon ne s’éclaircira que si des mesures décisives sont prises rapidement », a déclaré le Chef économiste de l’OCDE, M. Pier Carlo Padoan. « Dans la zone euro, il faut faire barrage au risque de contagion en augmentant substantiellement les capacités du Fonds européen de stabilité financière, tout en se donnant une plus grande latitude pour mobiliser les ressources de la Banque centrale européenne. « Cette ‘force de frappe’ beaucoup plus puissante doit aller de pair avec des réformes en matière de gouvernance pour éliminer l’aléa moral, a-t-il ajouté. »
L’amélioration des perspectives va aussi dépendre de l’adoption aux États-Unis d’un programme budgétaire à moyen terme crédible.
Le scénario de référence des Perspectives part de l’hypothèse que les décideurs font ce qu’il faut pour éviter des défauts souverains désordonnés, une forte contraction du crédit, la faillite systémique des banques et un resserrement budgétaire excessif. Dans les pays de l’OCDE, la croissance du PIB devrait passer de 1.9 % cette année à 1.6 % en 2012, avant de se redresser à 2.3% en 2013. En outre, le chômage devrait y rester élevé pendant une longue période, son taux demeurant aux alentours de 8 % dans les deux prochaines années.
« Nous craignons que les décideurs ne prennent pas la mesure de l’urgence de prendre des initiatives résolues pour parer aux risques réels et grandissants qui menacent l’économie mondiale », a déclaré M. Padoan à l’occasion du lancement de la publication à Paris. « Selon nous, la croissance ne va se redresser que lentement aux États-Unis et la zone euro va traverser une phase de légère récession, alors que la croissance va s’accélérer au Japon sous l’effet des efforts de reconstruction mais cet élan est temporaire et va ensuite s’essouffler ».
Le PIB des États-Unis devrait croître à un rythme de 2.0% en 2012 et de 2.5 % en 2013, après une progression attendue de 1.7 % cette année. La croissance de la zone euro devrait passer de 1.6 % cette année à 0.2 % l’an prochain, avant de se redresser à 1.4 % en 2013. Au Japon, on prévoit que le PIB augmentera de 2 % en 2012 et 1.6 % en 2013, contre une contraction de 0.3 % en 2011, ce qui reflète l’impact du séisme et du tsunami et les opérations de reconstruction qui ont suivi. »
La croissance de l’économie chinoise devrait revenir à 8.5 % en 2012, contre 9.3 % cette année, avant d’atteindre 9.5 % en 2013. Le repli de l’activité en Chine et dans d’autres économies émergentes ainsi que le léger tassement des prix des matières premières devraient faire reculer l’inflation dans ces pays, ce qui permettra un certain assouplissement de leur politique monétaire.
D’après le scénario de référence, l’activité médiocre, les faibles niveaux d’inflation et les incertitudes allant surtout dans le sens d’une détérioration devraient inciter à la mise en oeuvre d’une politique monétaire très accommodante dans les pays de l’OCDE. Les banques centrales devraient procéder à d’amples apports de liquidités pour apaiser les tensions sur les marchés des capitaux et préparer des plans d’urgence qui pourraient être rapidement appliqués au besoin.
A contrario, un manque continu d’action efficace pourrait provoquer un autre scénario défavorable à la baisse où les perspectives deviendraient beaucoup plus sombres. Ce scénario pourrait se matérialiser sous l’effet d’une exacerbation des inquiétudes existantes à propos du système bancaire, de la contagion qui gagne les marchés de la dette souveraine de la zone euro ou d’une politique budgétaire par trop restrictive aux États-Unis liée à l’impasse politique actuelle.
Dans la section des Perspectives consacrée à sa Réponse stratégique, l’OCDE énonce des politiques spécifiques aux différents pays qu’il faudrait mettre en oeuvre si la situation macroéconomique venait à déraper : le secteur financier doit être stabilisé, le filet de protection sociale doit être préservé et un nouvel assouplissement de la politique monétaire doit être engagé. Lorsque c’est possible, les pouvoirs publics doivent soutenir l’économie par la voie budgétaire tout en renforçant les dispositifs propres à convaincre les marchés que les finances publiques peuvent être maîtrisées.
Dans ce scénario, toute une série de mesures structurelles destinées à stimuler l’emploi et l’activité, qui sont en soi souhaitables, vont devenir urgentes. Il convient d’adopter des politiques du marché du travail efficaces pour remédier au chômage qui tend à devenir structurel et non plus conjoncturel, ce qui sape la croissance potentielle, met à mal la confiance et porte préjudice aux finances publiques.
OCDE Organisation de Coopération et Développement Economique – 28/11/2011 11:35:00
Pour plus de précisions sur les Perspectives de l’OCDE n°90, vous pouvez consulter la page : www.oecd.org/perspectiveseconomiques.
Résumés pays
www.oecd.org/document/44/0,3746,fr_2649_34109_19726892_1_1_1_1,00.html