Dans la perspective de la Journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes qui sera célébrée vendredi, le Secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, et la Directrice exécutive de l’ONU-Femmes, Michelle Bachelet, ont appelé les dirigeants du monde à renforcer la lutte contre les violences faites aux femmes.
« La violence à l’égard des femmes et des filles, qui se manifeste sous de multiples formes, est très répandue dans le monde, que l’on pense aux viols, à la violence dans la famille, au harcèlement sur le lieu de travail, à la violence à l’école, aux mutilations génitales féminines ou aux violences sexuelles dans les conflits armés », a déclaré le Secrétaire général de l’ONU dans un message adressé à l’occasion de la Journée.
« Ces atrocités sont principalement infligées par des hommes. Que ce soit dans les pays en développement ou dans les pays développés, nous devrions tous être choqués par l’omniprésence de ce phénomène. La violence et, bien souvent, la simple menace de violence, sont l’un des plus abominables obstacles à la pleine égalité des femmes », a-t-il ajouté.
Lors d’une manifestation organisée mercredi au siège de l’ONU pour marquée cette Journée, Ban Ki-moon a rappelé que le droit des femmes et des filles de vivre à l’abri de la violence est « inaliénable et essentiel ». C’est le thème central de la campagne intitulée « Tous unis pour mettre fin à la violence à l’égard des femmes » et qui a été lancée en 2008. L’initiative a permis de mobiliser les gouvernements, la société civile, le secteur privé, des athlètes, des artistes, des femmes, des hommes et des jeunes du monde entier.
La plate-forme de mobilisation sociale « Dites NON – Tous UNiS » a enregistré plus de deux millions d’activités dans le monde, allant de marches de protestation à des campagnes d’information publique, en passant par la sensibilisation des parlementaires pour qu’on vienne en aide aux victimes.
Nombre de ces activités ont reçu une aide du Fonds d’affectation spéciale des Nations Unies pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes. Depuis sa création il y a 15 ans, des dons à hauteur de 77 millions de dollars ont été alloués à 339 initiatives dans 126 pays et territoires, a souligné le Chef de l’ONU.
« Nous souhaitons que le Fonds puisse faire encore mieux, mais les demandes d’aide dépassent les ressources disponibles. Rien que pour cette année, le Fonds a reçu plus de 2.500 demandes pour un montant d’environ 1,2 milliard de dollars. Je lance un appel à tous nos partenaires pour qu’ils nous aident à répondre à cet immense besoin inassouvi », a dit Ban Ki-moon.
« En cette Journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes, j’invite les gouvernements et les organismes partenaires dans le monde entier à mobiliser les énergies, les idées et l’esprit d’initiative des jeunes afin qu’ils nous aident à mettre un terme à la pandémie de violence. Alors seulement, nous pourrons vivre dans un monde plus juste, plus pacifique et plus équitable », a-t-il conclu.
Aujourd’hui, 125 pays sont dotés de lois spécifiques qui sanctionnent la violence domestique et l’égalité entre les femmes et les hommes est garantie dans les Constitutions de 139 pays et territoires. Cependant, les femmes continuent d’être victimes de violence. Des estimations révèlent que jusqu’a six femmes sur dix ont souffert de violence physique et/ou sexuelle au cours de leur vie, infligée dans la majorité des cas par leur maris ou partenaires.
Axé sur trois piliers essentiels, la prévention, la protection et la fourniture de services clés, l’appel lancé à l’occasion de la Journée par la Directrice exécutive de l’ONU Femmes, Michelle Bachelet, s’adresse aux dirigeants mondiaux afin de mobiliser la volonté et l’investissement politique et d’assurer aux femmes une vie sans violence.
Dans le cadre d’une campagne de 16 jours d’activisme qui doit débuter mondialement vendredi 25 novembre, Mme Bachelet a présenté les lignes directrices de 16 mesures d’actions concrètes pour mettre fin à la violence contre les femmes. Parmi ces mesures figurent : la ratification des traités et la révision des législations, l’accès universel aux services d’urgence pour les survivantes de violence, la mobilisation des communautés à travers l’éducation publique et les plaidoyers, l’engagement des hommes, des garçons et des jeunes et le jugement des coupables devant les tribunaux.
« Bien que l’égalité entre les femmes et les hommes soit garantie dans les Constitutions de 139 pays et territoires, les femmes se voient trop souvent refusées toute justice et protection contre la violence. Cet échec n’est pas dû à une absence de connaissances mais plutôt à un manque d’investissement et de volonté politique pour ce qui est de répondre aux besoins des femmes et de protéger leurs droits fondamentaux. Il est temps que les gouvernements prennent leurs responsabilités à cet égard. Alors avançons », a déclaré Michelle Bachelet dans son message pour cette Journée.
« Quand j’étais jeune fille au Chili, un dicton populaire disait ‘Qui t’aime te bat’. Je me souviens avoir entendu une femme dire ‘C’est comme ça’. Aujourd’hui, à mesure que les sociétés deviennent plus justes, démocratiques et égalitaires, on assiste à une prise de conscience croissante sur le fait que la violence à l’égard des femmes n’est ni inévitable, ni acceptable. Une telle violence est de plus en plus reconnue et condamnée pour ce qu’elle est : une violation des droits de l’homme, une menace à la démocratie, à la paix et à la sécurité, et un lourd fardeau qui pèse sur les économies nationales », a-t-elle ajouté.
Selon Mme Bachelet, 603 millions de femmes vivent dans des pays où la violence domestique n’est pas encore considérée comme un crime. Le niveau de la violence sexuelle demeure élevé en temps de paix comme de conflit.
« Le fémicide coûte la vie à beaucoup trop de femmes. Jusqu’à six femmes sur dix dans le monde sont victimes de violences physiques et/ou sexuelles au cours de leur existence. Plus de 60 millions de filles sont des enfants mariées, et de 100 à 140 millions de filles et de femmes ont subi des mutilations génitales féminines. Plus de 100 millions de filles ont ‘disparu’ en raison de la sélection prénatale en fonction du sexe du foetus et de la préférence donnée aux garçons. Plus de 600.000 femmes et filles font l’objet d’une traite transfrontière chaque année, dont une grande majorité à des fins d’exploitation sexuelle », a déploré la chef de l’ONU Femmes.
« La violence contre les femmes n’est pas uniquement une question de femmes. Elle a des effets négatifs pour chacun d’entre nous. Nous devons nous rassembler pour y mettre fin. En unissant nos forces, en prenant position contre la violence à l’égard des femmes, nous nous rapprochons peu à peu de la paix, de la justice et de l’égalité », a-t-elle conclu.
(ONU Organisation des Nations Unies)