7h45 Ariana – Cité la Gazelle : On pensait, ma femme et moi, être parmi les premiers à voter, erreur. Dès le premier tournant, le spectacle était là, avec des embouteillages monstres et des files d’attente de plusieurs dizaines de mètres.
Direction notre bureau de vote, un peu plus loin, même spectacle, l’impasse de l’école primaire pleine à craquer, on y apprend qu’il y a quatre salles de vote, il faudrait prendre la file selon le numéro de la salle qui nous a été affectée. Heureusement, même si je me suis déjà inscrit, j’ai envoyé un SMS de vérification qui m’a fourni le numéro de la salle et le rang dans la liste.
Une ambiance de fête, des enfants dans la cour de l’école qui amplifient cette sensation d’une journée d’Aïd.
Plusieurs centaines de personnes dans chaque file, mais pas d’agitation, les gens sont gentils, serviables, avenants, une auto-discipline pour mieux organiser les files, les équipes des comités régionaux des élections n’ont pas eu à intervenir, ou très peu pour aider ceux qui ne savent pas où ils devraient voter, les gens étaient heureux, même après plus de deux heures d’attente, il fait chaud, on commence à avoir du mal à rester débout, mais pas question d’abandonner,… admirable.
Des jeunes prennent l’initiative de proposer la vérification, par SMS, des rangs dans les listes, afin d’éviter le temps de recherche dans les listes électorales et faire gagner du temps à tout le monde.
On oriente les personnes âgées et les femmes enceintes, pour qu’elles puissent accéder directement aux salles de vote sans être obligées de prendre les files d’attente.
Ca discute, les échanges sont naturels, femmes et hommes, jeunes et vieux, pauvres et moins pauvres, sérénité et sourire de rigueur, et malgré tout ce monde dans la cour de l’école, on n’entend pas crié; de temps en temps des petites contestations en tête de file.
La file semble avancée très lentement, malgré les 4 isoloirs de la salle de vote.
Sorti du bureau de vote, la cinquantaine, ?un homme exhibe fièrement un doigt marqué à l’encre en criant “on nous a opprimés pendant si longtemps”, “grand merci à nos martyrs”, et n’a pu s’empêcher à la fin de fondre en larmes. Un autre électeur criait, toujours en levant le doigt marqué à l’encre: “J’ai voté”.
Dans la file d’attente, on entendait souvent “je vote pour la première fois”.
A l’intérieur du bureau de vote, une personne pour vérifier les identités et vous demander de laisser votre portable, une autre pour vous donner le bulletin, une personne pour l’urne et deux observateurs. Par contre ce qui semble ralentir le rythme, c’est surtout la vérification d’identité et le temps que certains passent dans l’isoloir, avec 95 listes… ça se comprend.
Sorti du bureau avec un doigt marqué en pensant que c’est la première fois depuis 35 ans (il y a eu une première fois, sous Bourguiba, qui m’avait refroidi).
Dans l’autre file d’attente, ma femme en a encore pour une heure, je lui ai laissé les clefs de la voiture et je suis rentré à pied. Ce soir je passerai la nuit au boulot, pas question de dormir avant de connaître les résultats.
Hosni