«Je n’ai jamais soupçonné autant de méchanceté chez mes compatriotes » avait déclaré après le 14 janvier, Afif Chelbi ancien ministre de l’Industrie et de la Technologie et aujourd’hui, chargé de mission auprès du Premier ministre. Afif Chelbi, une compétence sûre, centralien de formation, a déclaré hier refuser de s’assoir sur le même banc que des corrompus et des fraudeurs. Il a tenté dans la même journée, mercredi 19 octobre 2011, de mettre fin à ses jours par l’absorption massive de produits pharmaceutiques.
Afif Chelbi que l’on décrit comme étant une personne droite et intègre avait comparu devant le juge d’instruction pour l’affaire de transport de gaz et de pétrole dans laquelle est impliqué Moncef Trabelsi frère de la femme de Zine El Abidine Ben Ali, ancien Président réfugié en Arabie Saoudite. Le juge d’instruction a décidé de le déférer devant la justice.
Reprocherait-on à Afif Chelbi d’avoir appliqué les instructions de Ben Ali ? Auquel cas, il va falloir arrêter le ¼ et je suis optimiste de l’administration tunisienne. Hauts fonctionnaires, moyens et petits cadres, gouverneurs, délégués et omdas…policiers, douaniers…Ben Ali et les Trabelsi ont tout contaminé…
Pourtant et d’après certaines sources au ministère de l’Industrie, Afif Chelbi ne s’occupait pas en personne des dossiers de transports des hydrocarbures et les charges contre lui ne sont pas aussi consistantes que le prétendent certains médias. Il s’agirait tout juste de présomptions de preuves.
Ce qui se passe en Tunisie aujourd’hui est grave dans le sens où les anciens hauts responsables du gouvernement Ben Ali sont systématiquement stigmatisés, dénigrés et trainés dans la boue, alors qu’ils sont présumés innocents jusqu’à preuve du contraire. Entre les véritables coupables, les présumés coupables et les innocents, il va falloir nuancer tout comme il va falloir faire la différence entre les exécutants et les tireurs de ficelles.
Il va surtout falloir que les médias soient plus respectueux de l’intégrité de n’importe quelle personne, de son statut et de son image auprès des siens et que les juges et magistrats soient respectueux du secret d’instruction et appliquent à la lettre l’obligation de réserve.
Le cas Afif Chelbi, rappelle celui du Premier ministre français Pierre Bérégovoy qui s’est suicidé à cause d’affaires politico-financières. La vérité doit être dite, mais pas avant jugement de l’affaire car il y va de la vie des autres et de la survie du pays qui est en train de se vider de ses compétences. Les médias et les commérages peuvent assassiner et il ne sert à rien de culpabiliser plus tard.
En réanimation à l’hôpital militaire de Tunis. L’état de santé d’Afif Chelbi s’est amélioré. Espérons qu’il n y aurait pas d’autres victimes de l’acharnement médiatique et de la lâcheté politique de futurs leaders qui n’osent pas s’attaquer de manière directe et frontale aux dossiers de la corruption de peur de perdre des électeurs. La justice transitionnelle tarde à se mettre en place, combien de sacrifices faut-il encore ?
Amel Belhadj Ali