En grève de la faim depuis le 21 juin 2011, pour protester contre la non attribution à Radio Kalima de fréquences lui permettant d’émettre et de fonctionner normalement, Omar Mestiri, directeur de la radio explique:
“Près de Six mois se sont écoulés depuis la révolution ; beaucoup de choses ont changé et notamment la réappropriation de l’espace public par les citoyens et une parole libre retrouvée pour un peuple.
Cependant, l’audiovisuel est toujours accaparé par les mêmes monopoles mis en place par la volonté de l’ancien président ; les médias alternatifs qui ont combattu cet appareil et contribué à le discréditer, en payant le prix fort, demeurent rejetés hors de l’espace médiatique légal, près de six mois après la victoire de la révolution.
Ce paradoxe n’est pas le fait du hasard. De solides résistances concourent à entraver la métamorphose de l’audiovisuel, dont l’ouverture aux médias indépendants constitue la pierre angulaire.
La scène publique a vu apparaître près de 90 nouveaux partis politiques ; mais AUCUN média audiovisuel ! Nous avons tous salué la mise en place, il y a trois mois, de la nouvelle instance de réforme de l’information et de la communication (INRIC) qui compte parmi ses membres de remarquables défenseurs de la liberté d’expression.
Elle a déçu en refusant l’appui rapide, franc et précis qu’on attendait d’elle, en cette période transitoire qui configurera le futur de notre pays.
Elle justifie cette inertie en mettant en avant un louable «souci d’équité», ainsi que la nécessité de mettre en place un minimum de critères pour pallier le vide juridique.
Voilà près de 6 mois que Kalima attend qu’enfin l’injustice du déni de licence subie sous Ben Ali soit levée ; voilà près de 2 mois que le Premier ministre avait promis de le lui délivrer dans 3 jours ; voilà 2 mois que l’INRIC devait rendre ce « précieux » avis qui ne vient toujours pas.
Après avoir édicté par voie de presse et de façon arbitraire une liste de conditions auxquelles la direction de Kalima devait répondre, à l’exception des radios qui ont bénéficié des privilèges de l’ancien régime – conditions auxquelles la direction de Kalima a répondu amplement – nous avons appris par voie de presse que la réponse finale serait communiquée au plus tard le 3 juin.
Voilà 20 jours que ce délai est dépassé, sans que l’INRIC ou le Premier ministère, ne ressentent le besoin de s’expliquer sur ce silence.
Tout ces mois passés à attendre la « manne céleste » ont coûté à la radio une perte en audience, une perte en ressources financières et éprouvé le moral des journalistes, notamment ceux exerçant dans les régions, qui ne sont pas en mesure d’expliquer à ceux qu’ils interviewent pourquoi ils ne sont pas en mesure d’écouter leur reportage en tournant le bouton de leur radio!
La société qui a été constituée est toujours en instance et le compte bancaire de la radio toujours bloqué, attendant la « fameuse licence ».
Les contrats des journalistes et techniciens ainsi que leur inscription à la sécurité sociale sont toujours suspendus en attendant la licence !
Certains nous ont même discrètement « conseillés » d’utiliser des fréquences pirates ! Nous leur répondons que nous n’accepterons jamais de recourir aux voies illégales, ça serait une insulte à la Révolution tunisienne !
Au contraire, notre combat pour la légalité et pour que Kalima et toutes les radios libres soient reconnues et disposent de fréquences, est un combat pour que les objectifs de la révolution soient respectés et triomphent des basses manœuvres contre révolutionnaires.
Pour protester contre ce déni d’existence légale, le Directeur de Radio Kalima, Omar Mestiri, a décidé d’entrer dans une grève de la faim illimitée à partir du 21 juin jusqu’à ce que le droit de Kalima aux fréquences soit enfin reconnu.
La rédaction de Kalima”