Le secrétaire général de Reporters sans frontières revient de Tunis. Jean-François Julliard est partagé entre l’enthousiasme de la récente révolution et l’inquiétude d’assister au retour des vieux réflexes autoritaires.
La presse tunisienne est libre. Plus libre que sous Ben Ali. Cela ne fait aucun doute et personne ne le conteste. Pourtant, beaucoup de Tunisiens craignent de ne pas profiter bien longtemps de cette liberté. Pour eux, elle pourrait s’évanouir aussi soudainement qu’elle est apparue.
Le paysage médiatique peine à évoluer. Dans les kiosques, deux ou trois nouveaux titres seulement. En dehors du journal de l’ancien parti gouvernemental, les quotidiens historiques sont toujours là. Le contenu a changé mais les noms, les signatures et même la maquette restent identiques. A la télévision, rien de neuf. Aucune nouvelle chaîne n’a été lancée depuis la chute de l’ancien régime. Idem pour la radio. Une centaine de demandes de création de radios ou télévisions ont été déposées. Elles sont en cours d’examen, mais cela prend du temps. Plus de temps que les Tunisiens le pensaient.
Les journalistes de province sont les oubliés de la révolution médiatique. Pour eux, rien n’a changé. A Radio Sfax ou Radio Monastir, deux stations publiques régionales, l’information vit encore sous l’ère Ben Ali. Les conférences de rédaction n’existent pas. Les ordres viennent d’en haut et les journalistes les exécutent. Aucune discussion sur les choix des sujets, ni sur l’angle à adopter. Le débat est absent au sein des équipes, autant qu’à l’antenne…
Source: SLATEAfrique – Lire la suite