Tunisie : Si la grève des transporteurs de carburants se poursuit, les conséquences seront catastrophiques

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Plusieurs stations-services ont déjà épuisé leurs stock d’hydrocarbures, au moment où les files d’attente de véhicules continuent de s’étirer devant les différents kiosques, à travers tout le pays, en raison de la grève générale de trois jours des transporteurs de carburants, entamée dimanche à partir de minuit.

Contacté, lundi matin, par l’agence TAP, M. Habib Mlaoueh, DGA de la Société Nationale de Distribution des Pétroles (SNDP), entreprise publique ayant pour mission la commercialisation des produits pétroliers et de leurs dérivés sous le label “AGIL”, a estimé que si cette grève de transporteurs de carburants se poursuit «elle sera catastrophique pour le pays».

Il a formulé l’espoir de voir la séance de négociations qui se tient ce matin, entre les différents intervenants dans le secteur (UGTT-UTICA et ministère des affaires sociales), aboutir à un accord.

Nonobstant, le responsable s’est montré rassurant: “la SNDP a pris ses précautions et approvisionné, depuis une dizaine de jours, les services de l’Etat, pour assurer leurs besoins en carburants”.

«Par ailleurs, la société a commencé, dès vendredi, l’approvisionnement des 250 stations d’essence “Agil”, dans les différentes régions du pays, en grande quantités de carburants, pour qu’elles soient en mesure de satisfaire les besoins des citoyens durant deux jours», a-t-il ajouté.

Au-delà de ces deux jours, a t-il encore avancé, la SNDP continuera d’approvisionner les grandes stations du pays, dont 12 stations sont localisées dans le grand Tunis.

Et de préciser que “la Tunisie compte 820 stations-services. Les besoins du pays en carburants sont estimées à une moyenne de 10 millions litres/ jour. Si l’on excepte les besoins des établissements et services de l’Etat, les besoins varient entre 6 et 6,5 millions litres/jour”.

La décision de la grève intervient après l’échec de la séance de conciliation tenue dimanche après-midi, au ministère des affaires sociales, avait déclaré le secrétaire général de la Fédération du transport de l’UGTT, Moncef Ben Romdhane.

Il s’agit de protester contre la non application de l’accord conclu le 1er mai 2014, entre l’UGTT et l’UTICA et portant sur une augmentation de 6% des salaires dans le secteur privé, ainsi qu’une prime de transport de 10 dinars, a encore précisé, Ben Romdhane à l’Agence TAP.

Les conséquences du non respect de cet accord relèvent de la responsabilité de la chambre syndicale du transport terrestre des marchandises (UTICA), a-t-il encore dit, soulignant que la partie syndicale avait fait preuve d’une souplesse dans l’application de cet accord, puisqu’elle a proposé l’augmentation progressive des salaires, surtout pour les sociétés souffrant de difficultés économiques”.

De son côté, Khalil Ghariani, membre du bureau exécutif de l’UTICA, a jugé qu’ «il n’y a aucune raison pour que les transporteurs des carburants entrent en grève, trois jours avant l’Aïd».

D’après lui, cette grève est «illégitime» et “sanctionne” les citoyens qui s’apprêtent à fêter l’Aïd El Idha, le 24 septembre courant. Nous les avons toujours appelé à négocier au siège de l’UTICA, à propos de leurs revendications, sans résultats”.

Il a imputé la crise actuelle à “la fragilité du secteur tout entier. Ce ne sont pas seulement les transporteurs des carburants qui en souffrent mais plutôt tous les transporteurs de marchandises qui travaillent dans une situation difficile».

Autrement dit, cette situation rend difficile l’application des dispositions de l’accord de l’année 2014, a précisé Ghariani.