Fatma Charfi, assistante hospitalo-universitaire en pédopsychiatrie à l’hôpital Mongi Slim de La Marsa, a souligné que le traitement médiatique de la question du suicide influe directement sur les catégories vulnérables qui commencent à voir le suicide comme étant l’unique solution aux problèmes qu’elles rencontrent.
Lors d’une conférence organisée, mercredi à Tunis, par le centre africain de perfectionnement des journalistes et communicateurs en coopération avec le ministère de la santé et le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF) sur le traitement médiatique du suicide, elle a fait savoir que l’organisation mondiale de la santé (OMS) a édité une série d’indications pour les professionnels des médias leur permettant de prendre les pécautions nécessaire lors du traitement de ce sujet.
Ces indications peuvent porter atteinte à la liberté de la presse mais elle sont nécessaires pour éviter la transformation du suicide en phénomène sous l’effet de la “contagion”, a-t-elle dit. Elle a, à cet égard, cité l’exemple d’une émission télévisée au cours de laquelle une femme a lu une lettre d’adieu écrite par sa fille qui s’est suicidée.
Charfi a ajouté que suite à la diffusion de l’émission, quatre suicides d’enfants âgés entre 9 et 16 ans, ont été rencensés dans la même circonscription, lieu dans lequel l’incident rapporté par la télé est survenu. Toutes les victimes se sont données la mort par strangulation, la manière utilisée par la fille dont le cas a été rapporté par l’émission télévisée.
L’OMS recommande aux journalistes de ne pas citer le mot “suicide” à la Une des journaux et de ne pas publier les articles relatifs au suicide dans les premières pages. Elle a appellé les professionnels à ne pas lier l’acte suicidaire à un seul facteur et d’essayer d’expliquer les raisons qui ont poussé la victime à se suicider tout en évitant l’utilisation de propos “positifs” telle que “la tentative de suicide a réussi”.
Charfi a fait savoir que le ministère de la santé met les dernières retouches à la formation d’une commission technique chargée de lutter contre le phénomène du suicide. Elle a rappelé que la Tunisie ne dispose pas d’un registre national comportant des données précises sur le sucide.