Tunisie : Quel rôle pour la société civile dans la lutte contre le terrorisme?

“Quel rôle pour la société civile dans la lutte contre le terrorisme?” est le thème d’une conférence tenue, samedi, à Tunis. Des représentants des ministères, organisations nationales et associations y ont appelé à la nécessité d’associer les parties prenantes tant gouvernementales que non gouvernementales à la définition d’une stratégie nationale cohérente pour combattre le terrorisme.

Les participants à cette rencontre organisée par l’association Afek des personnels sécuritaires et des douanes ont souligné la complexité et la gravité du fléau du terrorisme, de même que ses dimensions sociale, économique, politique, juridique, psychologique, religieuse, voire environnementale.

Imed Rekik, psychologue, a présenté à cette occasion une communication dans laquelle il s’est étendu sur la typologie de la personnalité du terroriste, marquée par un “narcissisme blessé” qui le fait fuir les réalités de son environnement pour se réfugier dans “un espace imaginaire” peuplé de rêves de “paradis promis”, quitte à passer à l’acte criminel dans sa quête de monde meilleur.

Ce spécialiste a expliqué la prédominance des facteurs sociaux, bien davantage que les facteurs culturels, qui font qu’une personne “a priori normale” bascule un jour ou l’autre dans le terrorisme.

Il a cité à cet égard les conclusions d’une étude sociologique égyptienne récente selon laquelle les facteurs qui pèsent le plus dans la décision de passage à l’acte sont surtout le chômage, dans une proportion de 73% des cas étudiés, la mauvaise connaissance de la religion (66%) et le sentiment de découragement et de lassitude (58%).

Adel Hentati, universitaire, détecte aux côtés de ce “phénomène spontané”, propre à chaque individu, un autre “phénomène provoqué”, autrement plus répandu, consistant à embrigader un ou plusieurs groupes de mercenaires choisis en fonction de leur état d’extrême désespérance pour être ensuite utilisés à des fins terroristes.

Selon ce spécialiste, le traitement sécuritaire du fléau doit prioritairement s’attaquer au premier phénomène, dit “spontané”, parce que le plus dangereux.

Les participants ont pour la plupart soutenu que le traitement sécuritaire ne peut être efficace que s’il est combiné à d’autres actions d’ordre économique (développement des régions défavorisées), social (lutte contre la précarité), culturel (en rapport avec les contenus de l’enseignement), religieux (promotion du discours modéré et lutte contre la fanatisation des mosquées), voire politique (vocation d’encadrement des partis et de la société civile).