Une analyse du vote des Tunisiens, le 26 octobre 2014, donne la preuve qu’ils ne veulent plus de disputes, de haines et autres excès de langage.
Le peuple est souverain. Il a dit son mot. Et tout le monde se doit d’accepter le verdict des urnes. Ceci on ne peut que le répéter. Et à satiété.
Ce que l’on se doit de répéter alors que l’ISIE (Instance supérieure indépendante pour les élections) vient d’annoncer les résultats officiels des législatives du 26 octobre 2014, c’est que le peuple a fait passer, à travers son vote, un message on ne peut plus clair aux élites politiques du pays: il ne veut plus de disputes, de haines et autres excès de langage.
En faisant une saine lecture des résultats de son vote, on remarque aisément qu’aussi bien les hérauts d’un héritage passé contre lequel il s’est soulevé, les RCDistes en l’occurrence, qui ont cru un moment pouvoir assurer une «reconquête» de l’opinion -certains allant jusqu’à ne rien nier à leur passé- que les défenseurs d’une révolution permanente synonyme, à leurs yeux quelquefois, de revanche pour ne pas dire de règlement de compte, ont été largement sanctionnés.
Le peuple a sifflé la fin de la récréation
Le peuple a estimé que, après près de quatre ans au cours duquel il a vu son quotidien et celui de ses proches se détériorer et l’État largement bafoué et incapable d’exercer la moindre autorité, il fallait siffler -enfin- la fin de la longue récréation.
Comment peut-on analyser en effet autrement les scores de ces deux familles politiques? Gageons que leurs acteurs ont bel et bien compris la leçon. Même s’ils ne donnent pas l’impression de le faire en faisant des déclarations un tant soit peu insultantes et tentent des «initiatives» vouées à l’échec.
Autant dire que les Tunisiens ont voulu signifier qu’ils ne voyaient pas autrement leur pays que comme une nation débarrassée de toutes les vindictes et autres rancœurs du passé.
La bonne tenue de Nidaa Tournes, qui a dit dès le début qu’il n’entendait pas être le réceptacle des RCDistes en insistant sur le fait qu’il se refusait d’accueillir tous ceux qui ont maille à partir avec la justice et qu’il ne refusait aucun citoyen voulant servir son pays est en partie expliquée par cette approche.
Le score réalisé par le mouvement Ennahdha ne ressemble pas à la dégringolade que souhaitaient certains de ses adversaires ou que prédisaient certains Cassandre. Car, le mouvement islamiste récolte quoi qu’on dise les fruits d’une sage politique qui l’a conduit à faire des compromis, des concessions voir des reculades quelquefois déchirantes -reculades du moins aux yeux de certains de ses militants et autres sympathisants.
Une lecture des législatives qui prend en compte l’âme même du peuple qui a toujours refusé de s’engager durablement sur les voies de l’extrémisme. De quelque nature que ce soit. En témoigne le peu de crédit dont ont bénéficié les Donatistes (au IVème et Vème siècles pendant la période chrétienne) et le chiisme lorsque le pays est devenu, au VIIème siècle, musulman.
A bon entendeur salut.