Depuis ce matin, dimanche 2 novembre 2014, le conseil de la choura du mouvement Ennahdha est en conclave à Tunis pour évaluer les résultats du parti aux élections législatives et pour se fixer sur le soutien que pourrait apporter le mouvement à un des candidats à l’élection présidentielle.
Des dirigeants au sein d’Ennahdha ont confirmé l’existence d’une liste de cinq candidats à la présidentielle. Il s’agit de Abderrazek Kilani, Ahmed Nejib Chabbi, Moncef Marzouki, Mustapha Ben Jaafer et Hamouda Ben Slama.
Ennahdha a toujours affirmé ces derniers mois qu’il privilégiait un accord sur une candidature consensuelle, une option rejetée par la plupart des acteurs politiques, même si des courants centristes y reviennent après les résultats des législatives. Ennahdha se retrouve ainsi face à une équation difficile quand on sait que le mouvement semble opter pour un “arrangement” consensuel avec la majorité dégagée par l’élection législative et vouloir éviter une confrontation avec Nidaa Tounes, surtout qu’il semble qu’un consensus sur l’équilibre des pouvoirs reste possible avec la majorité de l’Assemblée.
Sur cette base, l’appui d’Ennahdha à un des cinq candidats à la présidence est loin d’être acquise:
– Moncef Marzouki: Il semble difficile qu’Ennahdha soutienne sa candidature alors qu’il a été question à un moment donné d’un retrait de confiance, sans compter que le maintien de Marzouki à la présidence peut être source d’instabilité et de frictions qu’Ennahdha semble vouloir éviter.
– Mustapha Ben Jaafar: Sa candidature est considérée comme non convaincante compte tenu de son parcours à l’Assemblée constituante et du poids électoral de son parti, Ettakatol, au vu des résultats des dernières législatives.
– Ahmed Néjib Chebbi: L’appui de la candidature de Néjib Chebbi devrait permettre au candidat d’Al Joumhouri d’obtenir un score honorable, mais ne lui permettrait probablement pas de passer le premier tour face à Béji Caïd Essebsi et surtout compte tenu du nombre des candidats en course pour la présidentielle.
– Abderrazek Kilani: Un inconnu de la politique qui, même avec l’appui d’Ennahdha, aurait du mal à rassembler un électorat national.
– Hamouda Ben Slama: Une candidature qui intrigue, une personnalité discrète et peu connue. Sa candidature est presque passée inaperçu, pourtant l’essentiel des parrainages de son dossier de candidature provient de constituants d’Ennahdha.
M. Ben Slama a fait partie de la commission d’enquête mixte sur les violences survenues entre les Ligues de protection de la révolution et les syndicalistes de l’Union générale tunisienne du travail sur la place Mohamed-Ali de Tunis, le 4 décembre 2012. Il a, également, fait partie du Conseil des sages créé par Hamadi Jebali en février 2013.
La candidature de Hamouda Ben Slama semble donc mieux répondre aux “critères” d’Ennahdha, un candidat “neutre et indépendant”, un “sage” qui pourrait représenter une alternative à Béji Caïd Essebsi.
Maintenant, Ennahdha peut aussi bien décider de ne soutenir aucun candidat, dans la perspective d’une cohabitation sereine avec Nidaa Tounes au cours des cinq prochaines années.