Tunisie – ANC : Les militaires victimes de l’affaire de Barraket Essahel réhabilités par la loi

L’Assemblée nationale Constituante (ANC) a adopté, vendredi en séance plénière, un projet de loi octroyant une pension de retraite et une couverture-santé à ceux parmi les militaires victimes de l’affaire de Barraket Essahel qui n’avaient pas rempli les conditions pour bénéficier de l’amnistie générale. Le texte réhabilite du même coup l’ensemble du groupe fourvoyé dans cette affaire, en reconnaissant les abus subis.

Le texte a été voté à l’unanimité des 111 députés présents. Il n’y a donc eu ni objections ni abstentions. Comme l’ont souligné les députés dans leurs interventions et le ministre de la Défense nationale dans sa réponse, cette loi réhabilite une catégorie de Tunisiens et leur rend justice.

Ils ont aussi promis de persévérer dans l’effort pour rétablir dans leurs droits d’autres militaires, sécuritaires et civils impliqués dans des affaires similaires au cours de la période 1987-1991. Dans son allocution à l’adresse des députés, le ministre de la Défense, Ghazi Jribi, a promis explicitement à toutes les victimes des procès et des arrestations collectives de groupes militaires et sécuritaires sous le régime déchu de rouvrir leurs dossiers et de les réhabiliter.

« La Tunisie post-révolutionnaire et l’Assemblée constituante n’oublieront pas les catégories de citoyens victimes de l’arbitraire », a-t-il dit. Selon Ghazi Jribi, les militaires fourvoyés dans l’affaire de Barraket Essahel recevront les honneurs et porteront la tenue réglementaire de l’armée le 23 juin prochain, à l’occasion de la Fête de l’armée nationale.

La preuve a été faite que le procès intenté contre ces militaires avait été de bout en bout fabriqué de toutes pièces et c’est pourquoi leur situation sera régularisée, a-t-il ajouté.

Présenté par le ministère de la Défense nationale, ce projet de loi avait reçu l’aval du Conseil des ministres, le 17 avril dernier. Les 244 militaires membres du groupe de Barraket Essahel (quartier de Hammamet situé sur la GP1) avaient été jugés en 1991 pour conspiration contre la sûreté de l’Etat, condamnés à des peines d’emprisonnements et radiés de l’armée. Après la révolution, 93 d’entre eux ont bénéficié de l’amnistie générale dans ses volets administratif et financier.

Grâce au projet de loi adopté le vendredi, les 151 autres militaires exclus du bénéfice de l’amnistie vont eux aussi avoir une pension de retraite et une couverture-santé.