Les médias ont tendance à prendre des postures de juges, partis et même de mettre en scène un événement comme s’il s’agissait d’un film. Ca serait leur plein droit: celui d’informer! Mais quand informer devient désinformer et quand le buzz et le sensationnel prennent le pas sur les intérêts du pays, cela devient tout simplement un acte risqué dans une Tunisie en prise avec l’une des formes de terrorisme les plus complexes et les plus perverses au monde. Un terrorisme qui se nourrit des buzz médiatiques.
“Dans la lutte contre le terrorisme, les médias doivent jouer un rôle important. Nous ne voulons en aucun cas intervenir dans le travail des journalistes, mais nous souhaitons suivre une approche globale et participative et surtout entreprendre une démarche pédagogique: celle où nous dénonçons le terrorisme et non où nous faisons passer ses acteurs pour des héros par une sur-médiatisation. Que la responsabilité soit partagée entre tous les acteurs de la société tunisienne pour résister à ce fléau qui, nous le craignons, s’étendra sur des mois, si ce n’est des années”, a déclaré Mehdi Jomaâ, chef du gouvernement lors d’une réunion informelle avec des représentants des organes de presse nationale en présence des hauts responsables sécuritaires dont Ghazi Jeribi, ministre de la Défense, et Ridha Sfar, ministre délégué chargé de la Sécurité et de la Sûreté nationale.
Dans tous les pays du monde le terrorisme existe sous des formes différentes, qu’il s’agisse de celui idéologique qui endoctrine et mobilise pour une cause telle celle de l’islam politique. Une cause qui a engendré les djihadistes et les tueurs de Jabhet Annosra, de Dahech et d’autres groupuscules; ou celui économique qui s’est développé à une vitesse hallucinante ces dernières années dans notre pays. La contrebande dans des régions comme Kasserine ou Ben Guerdane alimente le terrorisme et la grande criminalité et s’approvisionne chez elle. Il y a aussi le terrorisme social, celui où les associations de bienfaisance ou caritatives qui ont poussé comme des champignons sous le règne de la Troïka exploitent la pauvreté et la vulnérabilité des jeunes et les enrôle en donnant une couverture civilisée et tolérante au terrorisme.
Neutralité des médias
Face à cette situation, les médias devraient-ils observer une posture de neutralité absolue, quitte à inviter des Ridha Belhaj qui ne reconnaissent pas l’Etat sur leurs plateaux, ou encore les Walid Bennani, les Hbib Ellouze ou encore les Adel El Almi et les Chourou par souci «d’objectivité» médiatique?
“Le terrorisme ne vaincra pas le ministère de la Défense, le ministère de l’Intérieur et l’Etat tunisien”, a pour sa part affirmé Ghazi Jeribi. Mais pour le vaincre, il faut avoir de son côté les médias, lesquels semblent être inconscients dans leur course vers l’audimat des menaces qui pèsent sur le pays. Il y aurait même de faux experts ou encore d’autres mal-informés, invités à s’exprimer sur la problématique des faits ou des actes terroristes commis sur le sol national alors qu’ils ne détiennent pas l’information réelle.
Punir les “diffuseurs“ de fausses informations
C’est peut-être la rétention de l’information qui laisse place à la rumeur, ont indiqué la plupart des journalistes présents lors de la réunion avec le chef du gouvernement. D’où la nécessité de développer des canaux officiels et réguliers qui auront pour mission attitrée d’informer la presse de la réalité des choses qui ont lieu dans leur pays et principalement celles en rapport avec la sécurité et le terrorisme.
Il faut également sanctionner tous ceux qui diffusent de fausses informations visant la perturbation de l’ordre public et de la paix sociale.
Ne pas saper le moral des troupes
«Il n’est plus question de ne pas appliquer la loi. J’ai sommé les hauts responsables de mettre fin à toute pratique non conforme à la loi. Il est aujourd’hui impératif de préserver l’unité nationale et les acquis de la République. La Tunisie a besoin de tous ses enfants. Elle a également besoin d’être protégée de ceux, croyant bien faire ou informer, détruisent son image de marque et portent des coups fatals à son économie», a fustigé M. Jomaâ.
La responsabilité des médias se situe également au niveau du maintien du moral des troupes, confrontées tous les jours aux dangers de mort, a indiqué le directeur général de la Garde nationale. Il ne s’agit pas de faire des terroristes “des héros nationaux“ leur donnant les couvertures des journaux et les mettant au cœur des débats sur les plateaux télévisés et radiophoniques mais plutôt de valoriser ces agents de la garde national, de la police et de l’armée nationales qui tombent en martyrs pour la Tunisie.
Avec seulement 7.000 voix…
Alors que des mères tunisiennes déplorent le départ de près de 8.000 de leurs enfants envoyés en Syrie comme chair à canon dans un attentisme effrayant des gouvernements Jebali et Larayedh frôlant la complicité. Alors que d’autres pleurent les 1.200 morts et les 64 emprisonnés, le génie présidentiel du droit-hommiste extraterrestre se complait dans la rupture des relations diplomatiques avec Damas et refuse de féliciter les deux présidents égyptien et syrien pour leurs victoires dans les élections présidentielles.
Lui, le non élu par le peuple, lui qui n’a eu que 7.000 voix lors des dernières élections, lui qui a été désigné par Ennahdha à la tête de la présidence se proclame plus légitime que les présidents égyptien et syrien élus par des dizaines de millions de voix. Pire, selon certaines informations, il veut encourager l’ouverture d’un canal humanitaire entre la Libye et la Tunisie. Traduction: il veut ramener tous les terroristes qui fuient Haftar dans notre pays. Pouvons-nous rêver meilleur président?
Quid du G25?
Et où sont donc les 25 avocats qui se sont autoproclamés “avocats de la Tunisie après le 14 janvier“ s’acharnant sur tous ceux qui occupaient des hauts postes ou qui avaient un tant soit peu de pouvoir? Où la lutte contre la corruption sera-t-elle plus porteuse que celle contre le terrorisme?
Amel Belhadj Ali