L’évènement diplomatique de cette semaine sera, de toute évidence, la visite franco-allemande qu’effectueront, les 24 et 25 avril, les chefs des diplomaties allemande et française, respectivement, Frank-Walter Steinemeier et Laurent Fabius…
Pourquoi ce timing?
Concernant le timing, elle est compréhensible pour Laurent Fabius qui s’est déplacé à Tunis pour préparer la visite qu’effectuera, le 29 avril, en France, le chef du gouvernement Mehdi Jomaa à la tête d’une importante délégation.
Quant à celle de Walter Steinemeier, elle aurait pour objectif d’annoncer, en cette période de crise, une nouvelle aide financière significative. Celle-ci serait peut-être la ligne de crédit évoquée il y a un mois au cours d’une interview radiophonique du nouvel ambassadeur d’Allemagne en Tunisie, Andreas Reinicke. D’un montant de 50 millions d’euros, ce crédit sera mis à la disposition de banques commerciales tunisiennes pour financer des microprojets lancés par des jeunes…
L’enjeu est de taille pour les deux pays lorsqu’on sait que la Tunisie, de par son positionnement géostratégique au sud de la Méditerranée, et par ses succès en matière de transition démocratique et l’effet multiplicateur que ces performances peuvent générer sur les pays voisins, est, plus que jamais, dans le focus de la diplomatie des deux locomotives de l’UE (Allemagne et France). «Le principe est simple, selon Andreas Reinicke: si la Tunisie va bien, l’Europe va bien».
Dimension stratégique
Conséquence: c’est au plan géostratégique que cette visite aurait, à notre avis, plus de sens. Et pour cause. Elle intervient à un moment où beaucoup de nouvelles donnes régionales commencent à se manifester.
Au plan méditerranéen, il y a lieu de signaler la recrudescence du terrorisme et le kidnapping des diplomates en Libye et la menace qu’elle fait peser sur la stabilité de la Tunisie, et partant, de l’UE. Dans cette perspective, il faudrait s’attendre à un partenariat pour la surveillance de la frontière sud et le délogement des terroristes du mont Chaambi.
Vient ensuite la problématique générée par la décision de l’Etat de Qatar d’abandonner les Frères musulmans et d’arrêter de les soutenir. Cette décision risque d’impacter négativement les nahdhaouis en Tunisie et la diaspora des frères musulmans égyptiens réfugiés à Doha…
Compte tenu des bonnes relations qu’entretiennent la France et l’Allemagne avec l’Etat de Qatar (alliés dans la guerre en Syrie) et du plaidoyer éternel de ces deux pays européens pour la compatibilité de l’Islam avec la démocratie, les chefs de la diplomatie de ces deux pays pourraient intervenir auprès des Tunisiens pour les convaincre de l’intérêt qu’il y a pour eux à accueillir, même provisoirement, ces «pestiférés», moyennant une aide financière conséquente à même de mettre fin à la situation délétère dans lequel leur pays se débat…
Au demeurant, ce genre de transaction humaine n’est pas nouveau pour la Tunisie. Elle avait accueilli, en 1982, les réfugiés palestiniens moyennant une aide américaine. L’Histoire ne serait donc qu’un éternel recommencement.
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