Tunisie – Nouveau gouvernement : Les dossiers qui attendent Mehdi Jomaâ

Des dossiers brûlants qui attendraient Mehdi Jomaâ? Plutôt un pays en faillite, des administrations infiltrées de partout et des nominations «tardives» qui ont touché aussi bien les banques que les établissements publics et autres ministères.

Un travail colossal attend le futur nouveau Premier ministre, lequel, semble-t-il, sera chargé de composer un nouveau gouvernement vendredi 10 janvier. Mais rien n’est sûr jusqu’à maintenant. Car Moncef Marzouki -qui ne suivrait que sa propre logique- peut par exemple invoquer des raisons sécuritaires pour refuser la démission de Laarayedh. Tout est possible et comme le dit si bien le dicton populaire, «Man nsaddek illa ma3nannak»…

L’électron libre serait capable de tous les coups, le pays, lui, en prendrait un coup… Car qu’il s’agisse de Mehdi Jomaâ ou d’un autre, ce que les Tunisiens, toutes catégories sociales et socioprofessionnelles, attendent c’est un changement à la tête du gouvernement. Ils l’avaient souhaité en janvier 2011 pensant avancer aussi bien économiquement que politiquement. Ils ont réalisé, 3 ans après, que le pays a régressé sur tous les plans y compris au niveau de la lutte contre la corruption, les malversations et les arnaques qui ont servi à de nombreux partis de prendre les devants de la scène se présentant comme les sauveteurs intègres, honnêtes et purs d’une Tunisie mise à mal par l’ancien régime…

Ceux-là même qui en ont fait un programme électoral ont usé de leur influence à satiété et ont servi leurs intérêts jusqu’à la moelle. L’histoire proche nous le montrera peut-être, mais espérons-le plutôt dans le sens d’une meilleure gouvernance, du respect du sens de l’Etat et des institutions, de la suprématie de la loi et la sacralité des intérêts du pays que dans le sens d’une chasse aux sorcières…

La première tâche du nouveau Premier ministre serait bien entendu sécuritaire. Il s’agit de ramener la paix à un pays déchiré et à un peuple désespéré. On n’a jamais vu autant de Tunisiens consommer autant d’antidépresseurs…

La réconciliation nationale est la clé de voûte d’une sérénité que le pays a perdue. Une réconciliation entre régions, entre classes sociales, entre gouvernants et gouvernés et entre modérés et extrémistes de tous bords.

La Constitution de 1959 sacrait la cohésion du peuple tunisien pour lutter contre la tyrannie de l’occupant français, les constituants de 2011 se sont investis eux-mêmes de la mission de diviser le peuple tunisien et de le «tribaliser».

Mehdi Jomaâ aura également à traiter des dossiers autrement plus chauds: ceux économiques et principalement à récupérer la confiance perdue des opérateurs privés pour qu’ils investissent de nouveau dans leur pays. Le secteur privé, créateur de richesses, a été sali, traité de tous les noms, marqué au sceau de la corruption, des malversations et des filouteries, et très malmené depuis le 14 janvier. Qu’il y ait des corrompus, il y en a toujours eu aussi bien dans le secteur privé, public que chez les activistes politiques, les syndicats des travailleurs, ou les acteurs de la société civile. Que l’on s’acharne uniquement sur la communauté d’affaires, cela dénote d’une mauvaise fois notoire et d’une haine gratuite.

Le nouveau chef de gouvernement considérera-t-il les opérateurs privés comme des investisseurs créateurs de richesses et d’emplois ou comme des corrompus potentiels? Reprendra-t-il la foi perdue des internationaux à l’égard de la Tunisie, des investisseurs comme des bailleurs de fonds? Les semaines prochaines nous le diront.

Les doutes dans les régions, les vérités non dites sur les assassinats politiques, les sentiments de déceptions et de rejet que l’on ressent lorsque les promesses électorales deviennent des mirages, c’est à cela que Mehdi Jomaâ aurait à remédier. Il devrait à la fois éteindre les feux allumés sur tout le territoire national, susciter l’espoir, donner du rêve, révéler la vérité, et pousser à réédifier une nouvelle Tunisie…

Résistera-t-il aux pressions, aux complots, aux combines, aux traquenards de politiciens en mal de compétences et de réalisations? C’est la question à un 1 million de dinars.