Tunisie : La grève de deux jours des magistrats, un nouveau palier dans le bras-de-fer

Les magistrats de toutes les juridictions du pays ont entamé, ce mardi, une grève de deux jours, avec présence sur les lieux du travail. Par ce mouvement, ils entendent obtenir que soient reconsidérées les récentes décisions ministérielles de nominations directes de magistrats et de maintien en activité d’autres au-delà de l’age légal de retraite.

Ils demandent surtout que cessent les ingérences dans le champ de compétences de l’Instance provisoire de l’ordre judiciaire. Ces revendications ont été détaillées par la vice- présidente de l’Association des magistrats tunisiens (AMT), Raoudha Grafi, estimant, dans une déclaration de presse, que ” les récentes nominations et décisions de maintien en activité représentent un coup porté à la primauté et à l’indépendance de la justice et une atteinte aux prérogatives de l’instance provisoire”.

Elle a affirmé que les magistrats n’hésiteront pas à franchir de nouveaux paliers dans l’escalade en cas de maintien des décisions controversées. Selon elle, la rencontre de représentants de l’AMT avec le ministre de la Justice, lundi après-midi, “n’a pas abouti à des solutions hormis la promesse du ministre de transmettre les revendications des magistrats au chef du gouvernement provisoire”.

De son côté, la présidente du Syndicat des magistrats tunisiens (SMT), Raoudha Labidi, a mis en avant ” l’unité retrouvée des magistrats pour les mêmes revendications en faveur de l’indépendance de la justice”, évoquant “les horizons complètement bouchés du corps” au vu de la non concrétisation d’aucune de leurs revendications ni de celles de leurs structures professionnelles”, comme l’amendement du statut des magistrats par l’Assemblée constituante et la constitutionnalisation de l’indépendance de la justice.

Elle a, également, marqué son étonnement de « l’attachement du ministre de la Justice à la loi de 1967 » qui, a-t-elle dit, “avait pourtant servi à domestiquer la magistrature tunisienne et à saper son indépendance”, déplorant “l’absence de canaux de dialogue malgré les énormes problèmes auxquels sont confrontés les magistrats et malgré l’aggravation de la situation par de nouveaux décrets du chef du gouvernement, destinés à maintenir en activité de juges au seuil de la retraite”.