Tunisie – Taïeb Laâguili accuse Ennahdha, Ansar Chariaa et un groupe libyen : Le triangle du mal

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Me Taïeb Aguili, membre de l’Initiative nationale pour la recherche de la vérité (IRVA) sur l’assassinat des martyrs Chokri Belaïd et Mohamed Brahmi a affirmé que le travail d’investigation ainsi que des renseignements documentés et précis ont « prouvé l’existence de liens triangulaires interactifs entre des dirigeants du Mouvement Ennahdha, l’organisation d’Ansar Chariaa et le Groupe islamiste combattant libyen ».

Aguili a indiqué, lors d’une conférence de presse tenue mercredi à Tunis, que l’émir de ce groupe libyen impliqué dans l’entraînement et l’armement d’éléments tunisiens en rapport avec des opérations terroristes en Tunisie, Abdelhakim Belhaj, « entretient des rapports étroits avec les principaux dirigeants du Mouvement Ennahdha », d’après sa version des faits.

Il a montré, à l’appui de ses dires, des séquences vidéo et des photographies représentant des rencontres que Belhaj aurait eues, selon lui, « avec le président du mouvement et un certain nombre de dirigeants centraux et locaux », outre sa participation au 9e congrès du parti d’Ennahdha et sa présence aux cérémonies du 2e anniversaire de la révolution, en qualité d’invité du bureau de la jeunesse d’Ennahdha.

Le directeur général de la sécurité publique, a-t-il encore déclaré, a admis lors de la conférence de presse du 28 août 2013 au ministère de l’Intérieur, que nombre d’éléments de l’organisation Ansar Chariaa se rendaient fréquemment en Libye pour s’entraîner, s’y cacher et conclure des transactions pour l’achat d’armes en parties découvertes dans deux dépôts à Médenine et Mnihla et que « le rapport entre ces armes et les deux assassinats a été établi ».

Selon les dires du membre de l’IRVA sur les assassinats de Belaïd et Brahmi, le directeur général de la sécurité publique « a délibérément caché la vérité en s’abstenant de dévoiler la partie libyenne impliquée dans l’entraînement et l’armement des éléments tunisiens, bien qu’identifiée par le ministère de l’Intérieur ».

Toujours d’après Aguili, « des renseignements documentés font état de l’intention du Groupe islamiste combattant libyen et de son émir Abdelhakim Belhaj de financer et armer des éléments salafistes tunisiens dans le but de fédérer les courants religieux extrémistes sous une même bannière pour l’avènement d’un Etat islamique en Afrique du Nord ».

Le ministère de l’Intérieur, a-t-il ajouté, avait confirmé « la relation qu’entretiendrait Belhaj avec une organisation terroriste et un groupe de contrebandiers tunisiens et libyens, lesquels facilitent ses entrées clandestines en Tunisie, s’agissant en particulier d’un certain Mosbah Bchiri, présenté par Aguili comme étant « un des hommes du Mouvement Ennahdha à Ben Guerdane ».

Aguili a en outre fait état d’un « paradoxe surprenant », celui consistant en ce que « la direction générale de la sécurité publique notifiait le 4 janvier 2013 à ses unités des instructions pour la localisation d’Abdelhakim Belhaj pour son implication dans la préparation d’actions terroristes en Tunisie alors que ce dernier multipliait les visites en Tunisie et entretenait des relations soutenues avec des dirigeants d’Ennahdha ».

A ce propos, Aguili a marqué son étonnement du fait que le ministère de l’Intérieur n’ait pris aucune mesure coercitive à l’encontre d’Abdelhakim Belhaj alors qu’il lui prêtait, depuis sa visite en Tunisie, en décembre 2012, l’intention de préparer des actions terroristes.

L’avocat a conclu son exposé en affirmant que « le ministère de l’Intérieur et le Mouvement Ennahdha étaient bel et bien au courant de l’appartenance d’Abdelhakim Belhaj à une organisation terroriste, de son rôle de parrain d’éléments salafistes tunisiens et de celui des contrebandiers tunisiens qui introduisaient des armes et apportaient leur concours à l’organisation d’actions terroristes ».