Peu réactifs, incapables d’anticiper, peu crédibles, ne partageant pas d’assise commune, ne disposant pas d’un projet de société, en mal de vision et n’offrant pas d’alternative possible ou d’interlocuteurs plausibles. Ce sont les appréciations véhiculées par nombre de diplomates étrangers intéressés par le cas Tunisie dans les couloirs de leurs chancelleries.
Ils parlent ainsi des partis d’opposition dans notre pays. Et ils ont bien raison. Le dernier exemple en date, l’illustre bien. Face aux événements tragiques qui ont eu lieu ce dimanche à la Cité Ettadhamen, 2 morts parmi les jeunes salafistes djihadistes, plus d’une dizaine de blessés dans les rangs de la police nationale, les réactions de certains ont été tardives, d’autres pas du tout…
Nida Tounes, un des derniers nés de l’opposition, a sorti un communiqué l’après midi du lundi pour déplorer l’état des faits perpétrés ces deux derniers jours, exprimer ses condoléances aux familles qui ont perdu leurs enfants et dénoncer la violence et le non respect de la loi par des groupuscules extrémistes. Nida Tounes rappelle par la même occasion que cette situation est due au laxisme de la Troïka face à l’aggravation du phénomène terroriste dans notre pays.
Ettakattol, l’a précédé en faisant porter la responsabilité des affrontements survenus dimanche 19 mai à la Cité Ettadhamen et Kairouan à Ansar Chariaa.
Néjib El Chebbi, l’égérie d’Al Joumhouri, s’est, lui, exprimé, lundi 20 mai 2013, sur Europe I. Il a déclaré : «Face à cette violence, nous n’avons vu aucune réaction rigoureuse de la part de l’État. Certaines fractions du mouvement Ennahdha – je ne l’accuse pas dans sa totalité – y voyaient une force de réserve à laquelle ils recourraient en cas de danger ou comme une force de manœuvre». Remarquez, ses propos sont nuancés, il ne veut surtout pas perdre ses « amis » dans le parti majoritaire au pouvoir. Il profite également de son passage sur Europe I pour annoncer qu’il ne verrait pas d’inconvénient de se porter candidat aux prochaines présidentielles ce qui frise l’indécence dans le contexte actuel du pays.
Un contexte où obsédés par les présidentielles, les leaders politiques ne parlent pas d’élections législatives, ne se concentrent plus sur une constitution minée et continuent à espérer des élections avant fin 2013.
Un contexte où la Tunisie est de plus en plus infiltrée par des éléments djihadistes, envahie par les armes, transformée en une plateforme pour le blanchiment d’argent venu de toutes parts et surtout des pays du Golfe et souillée par des financements occultes d’associations caritatives qui servent de couverture à des terroristes.
Un contexte où l’administration est infiltrée et où les compétences sont marginalisées, où des circulaires signées au Premier ministère accordent des promotions dans l’administration sans avoir ni la compétence et ni le mérite. Un contexte où la loi sur l’indemnisation des « victimes » de l’ancien régime a été approuvée ainsi que la réactivation de l’amnistie générale.
En Tunisie, les partis d’opposition sont toujours dans la réaction, jamais dans l’action. C’est peut être, ce qui explique qu’à ce jour, ils ne peuvent prétendre à d’autre position que celle de l’opposition. C’est ce qui explique également qu’ils considèrent leur rival politique aujourd’hui au pouvoir comme « incontournable ». Ces partis ne se projettent pas eux même dans l’État, ne se voient pas comme l’alternative, à quoi serviraient-ils donc ?
C’est peut-être une réponse à l’interrogation éternelle des Tunisiens : pourquoi l’opposition n’a jamais pu s’imposer du temps de Ben Ali ?
Parce que tout simplement et au-delà du régime dictatorial, elle était inapte à offrir l’alternative, parce que c’est une opposition professionnelle et parce que Ben Ali savait toujours d’où et comment la tenir, en jouant sur les ambitions des uns et en se jouant des avidités des autres. Il est peut être temps de démystifier une opposition qui n’a jamais pu ou su être elle-même démocratique. Une opposition formée de sexagénaires qui ne veulent pas d’une relève, une opposition qui est le reflet du régime en place, toujours dans le consensus, rarement dans la confrontation. Une opposition qui n’a pas su instaurer des traditions et une culture démocratique en son sein même. Nos partis d’opposition ne sont en fait que des zombies, des zombies de la politique.
Tant qu’à faire, le régime de Ben Ali est tombé, pourquoi pas son alter ego, une opposition qui lui ressemble avec le pouvoir en moins.
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