Tunisie – Assassinat de Chokri Belaid : Deux suspects auraient fui en Libye

avis-recherche-chokri-belaidAprès la récente diffusion, par le ministère de l’Intérieur, des portraits de cinq personnes en état de fuite, impliquées dans l’assassinat de Chokri Belaïd, des sources journalistiques ont indiqué que deux de ces cinq suspects, Ahmed Rouissi et Kamel Gadhgadhi, seraient, actuellement, en Libye.

Dans une communication téléphonique avec l’agence TAP, le porte-parole du collectif d’avocats de Chokri Belaïd, Nizar Snoussi, a déclaré que ces informations paraissent avérées, eu égard au fait qu’aucune trace de la présence de ces deux accusés en Tunisie n’a été décelée.

Le collectif de défense demandera aux parties en charge de l’enquête sur cette affaire de donner des éclaircissements quant à la véracité de ces informations, a ajouté le porte-parole, critiquant notamment le retard dans la publication des photos des accusés par le ministère de l’Intérieur.

Pour sa part, le journaliste et bloggeur, Ramzi Bettibi, a souligné que “des pourparlers sont en cours entre les autorités tunisiennes et libyennes pour l’extradition des dénommés Ahmed Rouissi et Kamel Gadhgadhi”, ajoutant qu’il est “en possession d’informations en provenance de diverses sources concordantes sur la présence de ces deux individus sur le sol libyen”.

Dans une déclaration à l’agence TAP, il a également précisé que les deux suspects qui avaient quitté leur domicile le 6 février 2013, date de l’assassinat de Chokri Belaïd, détiennent encore l’arme du crime ainsi qu’un enregistrement vidéo sur l’assassinat.

Bettibi a aussi indiqué que le dénommé Ahmed Rouissi avait participé à la révolution libyenne et qu’il était recherché pour des affaires de drogue.

Selon une source digne de foi, Kamel Gadhgadhi serait un Agent double infiltré dans les milieux salafistes jihadistes, ajoute le bloggueur, s’interrogeant sur les services de renseignement qui l’utilisent.

Le porte-parole du ministère de l’Intérieur, Mohamed-Ali Laroui, a quant à lui, refusé de se prononcer sur la véracité de ces informations concernant la présence des deux accusés en territoire libyen, précisant à l’Agence TAP que le juge d’instruction est la seule partie légalement habilités à se prononcer sur cette affaire.

Signalons, dans ce contexte, que le juge d’instruction n’a jusqu’ici révélé aucun détail sur l’identité des accusés ni sur leur rôle dans l’assassinat de Chokri Belaïd et que le ministère de l’Intérieur s’est contenté de diffuser les photos des cinq suspects, appelant les citoyens à contribuer à leur recherche.

Ces suspects dont les photos ont été diffusées samedi dernier sur la page Facebook du ministère de l’Intérieur, se dénomment Kamel Gadhgadhi, Ahmed Rouissi, Salmane Marrakchi, Marouane Belhaj Salah et Ezzeddine Abdellaoui. Kamel Gadhgadhi (34 ans) est le principal accusé dans cette affaire.

L’on croit même que c’est lui qui aurait tiré sur Chokri Belaïd. Il est originaire du gouvernorat de Jendouba. Gadhgadhi était un brillant étudiant et, croit- on savoir, maîtrise cinq langues. Il avait même séjourné aux USA, il y a quelques années, pour poursuivre ses études avant d’être expulsé, après l’attentat du 11 septembre, et de revenir en Tunisie pour adhérer à un mouvement religieux extrémiste.

Quant à Ahmed Rouissi (46 ans), qui est issu de la mouvance du salafisme jihadiste, il résidait dans le gouvernorat de La Manouba. Rouissi a beaucoup d’antécédents judiciaires. Il a également été condamné à 14 ans de réclusion. Rouissi a participé à l’attaque contre l’ambassade des USA à Tunis en transportant les manifestants dans la même voiture ayant servi à la surveillance de Chokri Belaïd avant son assassinat, selon certaines sources.

Salmane Marrakchi (30 ans) est originaire du Kram. Il était très lié au propriétaire de la motocyclette utilisée le jour du drame.

Mohamed-Amine Gasmi, actuellement en état d’arrestation, fait également partie du courant salafiste. Marouane Belhaj Salah (33 ans) qui est aussi originaire du Kram était connu dans le milieu du commerce des voitures d’occasion. Ezzeddine Abdellaoui (38 ans), était un agent de police avant d’être renvoyé en 2003 pour des raisons inconnues. Il a même été incarcéré à la prison de Mornaguia en 2005 dans le cadre du “dossier des salafistes du Kram”.