Blog A la Une – Sarah Ben Hamadi : Sidi Bouzid, rebelote?

Sidi Bouzid se révolte encore une fois. Les régions de l’intérieur du pays protestent. Les grèves se multiplient. La police réprime. Le gouvernement appuie. Va-t-on revivre une deuxième révolution en Tunisie ? C’est ce qu’espèrent les Tunisiens dont le quotidien est le même voire pire, un an et demi après le départ de Ben Ali (le chômage avoisine désormais les 20%, inégalités, injustice, etc.).

C’est ce qu’espèrent aussi les Tunisiens qui, après l’effervescence du 14 janvier, ont vécu la déception du 23 octobre. L’espoir d’une vie meilleure s’est transformé en une misérable désillusion. L’espoir d’une démocratie s’est transformé en une peur de théocratie. Et cette peur s’est vite transformé en haine envers ces nouveaux dirigeants.

Coupure d’eau dans quelques régions depuis plusieurs semaines. Coupure d’électricité de plus en plus fréquente. Augmentation du chômage. Flambée des prix. Menace sur la liberté d’expression avec un projet de loi criminalisant l’atteinte au sacré. Menace sur les acquis de la femme avec un article qualifiant la femme de « complémentaire » à l’homme. Tentative de mettre la main sur les médias. Absence de transparence. Incompétence dans la gestion des affaires de l’Etat. Un Président absent et dépourvu de prérogatives. La Tunisie paye la facture de la médiocrité de ceux qu’elle a porté au pouvoir dans un espoir de changement et de rupture avec le passé.

La scène politique est morose; L’assemblée nationale constituante, seule instance pouvant se revendiquer légitime aujourd’hui, offre un spectacle désolant. “TnZoo”, c’est malheureusement ainsi qu’on a rebaptisé l’instance pour laquelle on était tous fiers de voter quelques mois auparavant. Un vote historique, pour une assemblée accablante. De l’autre côté, un gouvernement autiste et incompétent. Des régions entières privées d’eau en plein été, en plein mois de Ramadan. N’a-t-on pas compris les leçons du passé ? Non. Celui qui n’a pas vécu l’histoire est incapable de la comprendre. Et Ennahdha et ses alliés n’a pas vécu l’histoire. Ceux qui sont au pouvoir aujourd’hui ne sont pas ceux pas ceux qui se sont révolté contre le régime et ont poussé Ben Ali à la sortie. Ceux qui sont au pouvoir aujourd’hui ont surfé sur la vague de la révolution, ont bénéficié de la crédulité de certains, de l’espoir des autres pour se retrouver là où ils sont aujourd’hui.

La Troïka (ou ce qu’il en reste) au pouvoir a perdu toute crédibilité. Le peuple qu’on croyait lassé démontre qu’il a encore du souffle pour aller au bout de ses revendications. Alors, révolution, rebelote ? Seulement si Tunis et les grandes villes bougent et se joignent à la cause. Les régions défavorisées à l’intérieur du pays, n’ont jamais cessé de crier leur mécontentement depuis un an et demi; Ennahdha ou autre, c’est face à l’indifférence et la marginalisation qu’ils se révoltent…

Blog : Sarah Ben Hamadi